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Florin Hossu , modifié à
Cela fait une semaine que la Guadeloupe connaît des violences liées à l'opposition à l'obligation vaccinale et au pass sanitaire. Le mouvement, qui porte également des revendications sociales et économiques, est en train de s'étendre à la Guadeloupe, où une grève générale a été lancée lundi.

Depuis une semaine, la Guadeloupe est en proie à une importante vague de violences. A l'origine de ces tensions : l'opposition d'une partie de la population à l'obligation vaccinale et au passe sanitaire. Une grève générale a d'ailleurs été déclarée sur l'île le 15 novembre. Lundi, un appel à la grève générale a été lancé par 17 organisations syndicales aux revendications variées sur l'île voisine de la Martinique. Le mouvement va se durcir à partir de ce mardi avec des barrages devant des sites stratégiques et des opérations escargot sur les grands axes.

La colère gagne la Martinique

Dans les rues de Fort-de-France, plus d'un millier de manifestants ont défilé lundi contre l'obligation vaccinale. Tracy fait partie du cortège. Cette Martiniquaise a expliqué sa colère au micro d'Europe 1 : "Il est nécessaire pour nous de pouvoir se mettre dans la rue et pouvoir revendiquer nos droits et notre liberté par rapport à cette obligation-là. J'estime que nous devrions être aux côtés de nos compatriotes parce que beaucoup de ces soignants sont soit notre mère, notre père, notre cousin… Tout Martiniquais devrait se sentir concerné."

Globalement, les revendications en Martinique sont légèrement différentes de celles de Guadeloupe. D'abord, l'obligation vaccinale des soignants, qui devait entrer en vigueur le 24 novembre a déjà été reportée au 31 décembre. Ensuite, si 90% des personnels soignants des hôpitaux de Guadeloupe sont vaccinés, seulement 64% le sont dans les établissement de soin de Martinique. Les soignants sont opposés au vaccin et n'ont pas envie de changer d'avis. Lundi, après l'appel au calme de Jean Castex, les syndicats ont fait savoir leur colère et réclament toujours une dérogation pour éviter l'obligation vaccinale. Autre différence importante : une mission de médiation a été mise en place en Martinique fin octobre, mais elle a échoué.

Une longue liste de griefs

Tout comme en Guadeloupe, la situation sanitaire n'est pas le seul grief des manifestants. On retrouve beaucoup de motifs de colère déjà évoqués lors de la crise sociale qui avait secoué les Antilles en 2009. Une grande partie des Martiniquais n'a plus confiance dans le discours sanitaire du gouvernement depuis le scandale du chlordécone, un pesticide cancérigène utilisé dans les bananeraies jusque dans les années 1990. Résultat : la défiance envers les politiques est très élevée. Depuis le mois de juillet, les pompiers, employés de pharmacie et même les chauffeurs de taxi sont entrés dans cette contestation. Les questions de vie chère et de prix des carburants viennent s'ajouter aux revendications. 

29% des familles martiniquaises vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Le taux de chômage est deux fois plus élevé sur l'île que dans l'hexagone. Ces deux dernières années, des mouvements identitaires sont venus attiser la défiance envers l'Etat. Le préfet doit rencontrer dans la matinée de mardi les manifestants à Fort-de-France, mais les manifestants veulent taper du poing sur la table. L'intersyndicale a promis des actions plus fortes ce mardi matin, sur les routes notamment. Difficile pour l'heure de dire comment va tourner cette deuxième journée de grève générale, mais beaucoup craignent un embrasement similaire à celui qu'a connu la Guadeloupe.