Alcool, bière, bar, CHARLY TRIBALLEAU / AFP 1280 1:11
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Marion Gauthier avec AFP, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
L'Académie nationale de médecine, qui déplore que "la consommation d'alcool ne baisse plus en France", appelle à "des mesures plus fortes". Un membre de l'Académie pointe, pour sa part, une "collusion" entre "l'État et le lobby alcoolier".

L'Académie nationale de médecine a appelé lundi les pouvoirs publics à "prendre des mesures plus fortes" pour lutter contre les problèmes de santé publique causés par la consommation d'alcool, qui stagne en France. "Pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale, la consommation d'alcool ne baisse plus en France. C'est une défaite majeure pour la santé publique", estime l'Académie dans un communiqué.

L'organisme déplore en particulier "l'affaiblissement continu de la loi Evin sous la pression du lobby alcoolier, jusqu'à autoriser la publicité sur l'internet, support médiatique particulièrement affectionné des jeunes". Il invite donc le gouvernement à revenir aux "principes initiaux" de cette loi.

Les lobbys comme acteur de la prévention, "c'est penser que le loup puisse éduquer les moutons"

"Aujourd'hui, on est à un sommet de cette collusion entre le plus haut niveau de l'État et le lobby alcoolier, contre les intérêts de la santé publique. Une lettre du président de la République reconnaît qu'ils sont des acteurs de la prévention. C'est vraiment penser que le loup puisse éduquer les moutons", estime le professeur de santé publique et membre de l'Académie nationale de médecine Gérard Dubois, sur Europe 1.

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A l'instar d'autres institutions et associations, l'Académie recommande aussi de faire figurer sur les boissons alcoolisées la mention "l'alcool est dangereux pour la santé" (et non le seul excès), de taxer les boissons au gramme d'alcool ou encore d'établir un prix minimum de vente par gramme d'alcool, comme c'est le cas en Ecosse depuis un an.

Elle réclame également un pictogramme plus grand et plus lisible sur les bouteilles pour "dissuader de toute consommation la femme enceinte ou qui désire l'être". "Malgré l'enjeu de prévenir la première cause de retard mental évitable du nouveau-né et de l'enfant, les discussions pour l'agrandir et le contraster s'enlisent depuis des années face à l'opposition farouche du lobby alcoolier", déplore-t-elle.

Gérard Dubois déplore par ailleurs "la diffusion dans les écoles de dépliants scolaires pour les 3-6 ans sur la vigne, sans que l'on ne parle d'alcool". Mais surtout, "on essaye de rétablir la publicité sur les stades et la consommation d’alcool dans les stades. On a oublié qu'au stade du Heysel il y a 30 ans, il y a eu des dizaines de morts liées à la consommation d'alcool", rappelle le professeur. 

"41.000 françaises et français en meurent chaque année et continueront à en mourir"

Près d'un quart des Français, soit environ 10,5 millions d'adultes, boivent trop d'alcool, avait estimé fin mars Santé publique France. L'agence sanitaire a diffusé de nouveaux repères de consommation, résumés par le message "pour votre santé, c'est maximum deux verres par jour, et pas tous les jours". "Aujourd'hui, 41.000 Françaises et Français en meurent chaque année et continueront à en mourir puisque la consommation d'alcool ne baisse plus", se lamente Gérard Dubois.