"Je veux qu'on m'appelle commandant" : Laetitia Vincent, seule femme à la tête d’une compagnie de CRS

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Jean-Luc Boujon, édité par Manon Fossat , modifié à

Laëtitia Vincent est la seule femme à commander une compagnie de CRS en France. Nommée il y a seulement quatre mois dans ce corps de la police qui ne compte que 4% de femmes, elle n'entend pas pour autant porter sa féminité en étendard et souhaite surtout être reconnue en tant que bon officier. Portrait.

Elle s'appelle Laëtitia Vincent et c'est la seule femme de France à commander une compagnie de CRS. Agée de 39 ans, elle a été nommée il y a seulement quatre mois et gère désormais une compagnie de 130 hommes basée à Dijon. Europe 1 a rencontré cette femme qui entend avant tout être respectée pour ses compétences, dans un corps de la police qui ne compte que 4% d'effectif féminin. 

"J'étais un objet de curiosité"

D'entrée, le ton est donné. "Je n'aime pas qu'on m'appelle commandante. Je veux qu'on m'appelle commandant", assure cette représentante des forces de l'ordre. Car même si Laëtitia Vincent est fière de son parcours, elle ne veut pas pour autant porter sa féminité en étendard. Son but est simplement d'être reconnue comme un bon officier.

La jeune femme l'admet, son arrivée chez les CRS n'a pas été évidente. L'accueil a même été relativement frileux. "Au début, j'étais un objet de curiosité et j'étais vraiment regardée de la tête aux pieds quand je rentrais quelque part. Aujourd'hui, c'est rentré dans le droit commun", explique-t-elle. "Passé ce stade là, quand on reste, les gens finissent par se dire que c'est vraiment parce que l'on veut faire ce métier. Et souvent, ça m'a ouvert des portes".

"Je ne suis pas là pour convaincre"

À la tête d'une compagnie d'une centaine d'hommes, elle dit aussi ne pas ressentir pour autant de pression particulière. "Je ne suis pas là pour convaincre. Je suis là pour commander. Ce qui compte, c'est la compétence", argue Laëtitia Vincent. 

Un constat également dressé par Jean-Marie Philips, délégué régional du syndicat Alliance chez les CRS. "Il n'y a aucune différence entre un commandant masculin et le commandant Vincent. Dès son arrivée, elle a fait preuve d'une parfaite écoute envers les fonctionnaires en termes de commandement et elle connaît parfaitement les rouages des CRS", assure ce dernier. Le commandant Vincent, qui passe les trois quarts de son temps avec ses hommes sur le terrain, veut désormais prouver que chez les CRS aussi, le regard sur les femmes a changé.