«Je ne sais pas comment on va faire» : les pêcheurs inquiets à l'idée de voir leur ristourne carburant supprimée

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Sandrine Prioul / Crédits photo : DENIS CHARLET / AFP
Le prix du carburant n'inquiète pas uniquement les automobilistes. Le gouvernement a annoncé vouloir mettre fin à la ristourne de 20 centimes par litre accordée aux pêcheurs. Une bien mauvaise nouvelle pour les professionnels, alors que leurs bateaux consomment des milliers de litres de gasoil chaque mois.

Les prix du carburant à la pompe ne devraient pas baisser de sitôt. Alors que les cours flambent sur les marchés, l'autorisation du gouvernement aux distributeurs de pouvoir vendre à perte, ne trouve pas clients. La plupart des enseignes de supermarchés ont annoncé qu'ils refusaient la proposition du gouvernement. 

Mais les automobilistes ne sont pas les seuls à s'inquiéter des prix de l'essence. L'exécutif a annoncé vouloir mettre fin le 15 octobre prochain, à la subvention de 20 centimes par litre de gasoil accordée aux pêcheurs. Un petit séisme pour la profession, notamment pour les propriétaires de chalutiers. Ces bateaux consomment près de 20.000 litres par mois. Avec la fin de la ristourne, c'est près de 4.000 euros de charges supplémentaires qui pèseront sur leurs propriétaires.

Des pêcheurs tendus et inquiets

Alors, au comité des pêches de Saint-Malo, Philippe Orveillon redoute que les difficultés s'accumulent et crée un embrasement. "Les marins sont tendus, inquiets, et un marin pêcheur qui est tendu et inquiet, il ne faut pas grand chose pour qu'il rentre en colère. Et là, c'est plus difficile à gérer", souligne-t-il au micro d'Europe 1. 

"Ce sont des gens qui sont rudes. Ils sont habitués à travailler dur, à souffrir dans leur travail. Et donc, il peut très bien ne rien se passer pendant très longtemps et puis d'un seul coup, la grenade est dégoupillée et après, ça se complique", poursuit-il. 

"On sera moins bien payé"

Autre sujet de mécontentement, l'indexation des salaires sur le prix du gasoil. Ce matelot se demande s'il ne va pas y laisser une grosse partie de sa paie. "C'est notre salaire qui paye le gasoil, c'est pris sur une partie de salaire. Et puis c'est divisé avec la part armement et la part matelot. Donc, ça veut dire qu'on sera moins bien payé", s'alarme-t-il. 

"Soit on va vendre plus, soit on va économiser du gasoil. Je ne sais pas encore comment on va faire" pour résoudre l'équation, ajoute-t-il. Encore sous le coup de la surprise de cette décision, les pêcheurs disent d'attendre les Assises de la mer qui se tiennent en fin de semaine à Nice, et peut-être des mesures qui compenseront la fin des aides sur le gasoil.