«Je me sentais comme un humain dysfonctionnel» : une jeune auteure raconte son asexualité

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Gauthier Delomez (propos recueillis par Louise Garcia) / Crédits photo : FABIAN SOMMER / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP
La sexualité occuperait une place de moins en moins importante dans la vie des jeunes. Une étude de l'Ifop montre que près d'un tiers des 18-24 ans n'ont eu aucun rapport sexuel l'an dernier. Cela peut être du à l'asexualité, un phénomène que décrypte Anna Mangeot, auteure d'un livre sur le sujet.

Comment expliquer le phénomène de l'asexualité, une tendance nouvelle qui consiste à ne pas développer de désir sexuel ? 15% des Français seraient concernés, tout comme Anna Mangeot, 25 ans, qui raconte la découverte de son asexualité dans son livre Asexuelle : itinéraire intime et bouleversant d'une femme qui aime sans faire l'amour.

Près d'un tiers des 18-24 ans n'ont pas eu de rapport sexuel en 2023

"Le fait de ne pas avoir de désir et ne pas avoir de vie sexuelle ou très peu, aujourd'hui, ça reste vu comme quelque chose de triste", expose-t-elle au micro d'Europe 1. Selon une étude de l'Ifop, près d'un tiers des Français âgés entre 18 et 24 ans déclarent ne pas avoir eu de rapport sexuel en un an, alors qu'ils étaient seulement 5% en 2006.

"Quand on est asexuel, le fait de ressentir du désir, d'avoir envie d'avoir des rapports, ne nous manque pas en tant que tel puisqu'on ne ressent pas le manque de quelque chose qu'on ne connaît pas", relate Anna Mangeot. "Il va y avoir des gens comme moi qui ne ressentent aucun désir, aucune libido, aucune attirance en aucune circonstance. Et, il va y avoir plein de gens qui se considèrent comme ressentant un désir ou une attirance éloignée de la norme", remarque la jeune auteure.

"On peut trouver une sexualité qui est propre à soi"

Anna Mangeot confie s'être sentie "extrêmement mal pendant des années" en raison de son asexualité. "Je me sentais comme un humain dysfonctionnel. J'étais vraiment une chose cassée", témoigne-t-elle. Selon l'auteure, "quand on est dans une relation suffisamment de confiance, on peut trouver une sexualité qui est propre à soi".

Et Anna Mangeot d'expliciter : "Dans mon cas, les gens partent toujours du principe que mon copain est asexuel et ça leur paraît délirant qu'il ne le soit pas. Trois heures dans les bras de mon amoureux, à sentir son odeur, à lui caresser les bras, à me plaire de ses bisous dans le cou... Pourquoi, en définitive, cela ne pourrait pas être considéré comme un rapport sexuel ?", interroge-t-elle.