«Une orientation sexuelle qui existe comme les autres depuis toujours» : qu'est-ce que l'asexualité ?

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Les personnes asexuelles sont de plus en plus présentes lors des prides comme celle de Nantes le 10 juin 2023. © Jeremie Lusseau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Corentin Alloune / Crédit photo : Jeremie Lusseau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
L’asexualité est une orientation sexuelle incomprise dans la société actuelle. Vie de couple, désir, plaisir solo… Magali Croset, autrice de "La Révolution du No Sex" chez Les Éditions de L'Observatoire, explique au micro de "Bienfait pour vous" ce qu'est l'asexualité.

La parole se libère de plus en plus sur cette sexualité, mais reste peu connue par un bon nombre de personnes : l’asexualité. Encore de nombreux stéréotypes et beaucoup de confusions tournent autour de cette orientation sexuelle. Invitée dans Bienfait pour vous, Magali Croset, autrice de La Révolution du No Sex chez Les Éditions de L'Observatoire, explique ce qu'est vraiment cette sexualité. 

Une vie de couple qu'est complètement possible 

C'est tout simplement une personne qui ne ressent pas ou peu d'attirance sexuelle pour une autre personne. L'autrice est formelle : elle a toujours existé. "C'est une orientation sexuelle qui existe comme les autres depuis toujours. Simplement, elle n'était pas visible, elle n'était pas évoquée", explique Magali Croset.

Avec l'arrivée d'Internet depuis une trentaine d'années, mais aussi par la création d'associations comme l'Association pour la visibilité asexuelle (AVA) en 2010, cela a permis aux personnes de parler, de se rencontrer et de discuter sur ce thème. "Puis aussi, les médias permettent de bien mettre des mots, de comprendre", ajoute l'autrice. 

"Mais quand on est asexuel, cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas tomber amoureux", remarque l'autrice. Il est donc naturellement possible de former un couple entre asexuels, mais aussi avec une personne non-asexuelle. Magali Croiset les définit comme "un couple dissocié" et souligne qu'ils ne sont pas voués à l'échec. "Ces couples se sont rencontrés sur des bases d'amour et y tiennent. Donc remettre l'amour aussi dans cette discussion-là me semble essentiel', explique au micro d'Europe 1 l'autrice de La Révolution du No Sex. 

Une libido différente 

Il faut déconstruire aussi l'idée qu'une personne asexuelle ne peut pas recevoir de la tendresse et n'empêche pas de vivre une sexualité solo. L'autrice détaille qu'il existe deux types de libido. "Il y a la libido d'objet où l'on projette ses désirs sur une personne extérieure, ce qui est le cas pour les autres orientations sexuelles. Et puis dans le cadre de l'asexualité, en un seul mot, c'est 'la libido du moi' qui prend le dessus", témoigne Magali Croset.

C'est-à-dire que cette libido est guidée par la pulsion d'autoconservation. "Elle va protéger et recentrer le maintien de l'existence plutôt que de chercher l'expansion, l'explosion, la décharge", raconte l'autrice. Leur désir charnel est parfois reporté sur autre chose : il s'agit de la sublimation en psychologie et psychanalyse. "Cela veut dire un transfert, un déplacement de l'énergie sexuelle, de la libido sexuelle en une autre forme de libido", pointe-t-elle du doigt. 

Sachant que la libido est un appétit de vie, selon elle, c'est une autre forme de libido qui se manifeste notamment par une production ou une création. "Donc les personnes qui travaillent beaucoup, comme les sportifs ou les artistes, reportent leur libido sexuelle vers une libido créatrice comme Michel-Ange ou bien Kafka", ponctue Magali Croset.