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R.Da. , modifié à
Pour Bernard Godard, ancien chargé de mission au Bureau central des cultes, la question de l'organisation des lieux de culte musulman est beaucoup plus sensible que celle de leur financement.

L’exécutif espère arriver à organiser l’islam de France sans remettre en cause la loi de 1905, qui sépare la religion de l’Etat. Dans un entretien à La Croix, Bernard Cazeneuve a détaillé lundi quelques-unes des mesures qui pourraient voir le jour dans les prochaines semaines. Le ministre de l’Intérieur évoque notamment la création d’une "association cultuelle", dont l’Etat ne sera pas partie prenante, et qui garantira la transparence des financements pour la construction des mosquées.

L'argent des fidèles. Mais pour Bernard Godard, ancien chargé de mission au Bureau central des cultes du ministère de l’Intérieur, les fonds étrangers ne pèsent en vérité qu’une petite part dans le financement des mosquées en France. "Ça se passe de la même manière depuis une trentaine d’années, ce sont les fidèles qui cotisent pour pouvoir financer une mosquée. Ce qui fait qu’une mosquée ça ne se construit pas en deux ans, c’est assez long, c’est à l’image de la faculté de mobilisation de fonds", explique cet universitaire au micro d’Europe 1.

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Ça concerne surtout les lieux de cultes importants 

Une petite part. "Les dons venus de l’étranger […], c’est très limité", poursuit Bernard Godard, qui s'appuie sur les conclusions d'un rapport sénatorial rendu en juillet sur l'islam en France. "Ça concerne surtout les lieux de culte importants ; vous avez une centaine de lieux de culte en France sur 2.500 qui sont d’une capacité supérieure à 500 personnes." "C’est devenu plus transparent qu’avant dans la mesure où les pays d’origine affichent leur participation, que ce soit l’Arabie saoudite ou le Qatar. Du coup, il ne faut pas surdimensionner la proportion des financements étrangers."

Vers une participation de la filière du halal ? Pour régler en partie la question de la transparence du financement, Bernard Cazeneuve propose une participation "volontaire et négociée" des acteurs de la filière halal. Une mesure qui ne va pas de soi selon Bernard Godard, dans la mesure où il ne s’agit pas d’une "obligation théologique". Il faudra donc trouver un consensus, avertit-il. De son côté, la candidate à la primaire de la droite et du centre, Nathalie-Kosciusko Morizet, veut aller plus loin et propose de taxer le halal, ainsi qu’elle le rappelait lundi dans la matinale d’Europe 1.

Un faux problème ? Mais davantage que la question du financement, Bernard Godard estime que le premier problème est celui de la gestion et de l’organisation des lieux de culte. "[…] Il y aurait des choses à amener. La plupart des gestionnaires des lieux de culte se servent du statut de la loi de 1901 [sur les associations à but non lucratif, NDLR] pour gérer. C’est encore un peu imprécis mais ça s’est beaucoup amélioré. Il y des conflits qui sont portés devant le tribunal de grande instance […]", relève-t-il, tout en précisant que les troubles internes à l'organisation des mosquées profitent généralement "aux factions les plus littéralistes."