Irma, le jour d'après : "Vous aussi vous avez cru que vous alliez mourir ?"
Notre reporter Xavier Yvon a vécu le passage extrêmement violent de l'ouragan Irma, sur l'île française de Saint-Martin. Au matin, il a découvert un paysage de désolation.
Après s'être recroquevillés dans la maison, il faut maintenant se contorsionner pour en sortir, enjamber des troncs de palmiers, passer sous de gros câbles électriques… Là, sur la route des sinistrés, on longe un mur d'enceinte abattu sur des dizaines de mètres. "C'est inimaginable ! Il n'y a plus de toits, plus de portails, plus rien… ", se désole une habitante.
Pour tous, une nuit de terreur. Sur le chemin, les voisins se croisent, ahuris. "Vous aussi vous avez cru que vous alliez mourir ?", se demandent-ils les uns aux autres. Chacun raconte sa nuit de terreur, caché dans une salle de bain, une armoire ou un sous-sol. Maya, une Antillaise, pensait avoir tout vu des ouragans. "Je n'ai jamais eu un tel sentiment d'impuissance, de voir la nature complètement déchaînée, d'entendre ces hurlements de vent qui n'en finissent pas et qui grossissent, encore et encore", témoigne-t-elle. "On a eu l'impression que c'était l'Apocalypse."
"On a souffert terriblement". Un homme à vélo arrive. Il cherche une infirmière pour une femme qui a eu les doigts sectionnés. Les riverains s'échangent des informations, glanés ici et là. Il se dit qu'on aurait retrouvé un mort dans une maison, un peu plus loin. Ailleurs sur l'île, il y a déjà des pillages. La solidarité s'organise pour la nuit qui vient. Les habitants se serrent dans les rares villas qui ont encore de l'électricité , reconnaissables au ronronnement des générateurs. On se félicite d'être en vie. Et comme Michelle, on se demande dans quel état est le reste de l'île. "Nous, on avait une maison anticyclonique, et on a souffert terriblement. Je n'ose pas imaginer la situation de ceux qui habitent dans les quartiers défavorisés. Il ne doit plus rien rester…"
Impossible d'aller vérifier les craintes de Michelle, car toutes les routes sont coupées. Le quartier de Terre-Basse est aujourd'hui un îlot de désolation.