Depuis 14 heures, les Alpes-Maritimes et le Var sont en alerte rouge pour les inondations 2:51
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Cédric Chasseur, avec Stéphane Frangy et Julien Froment , modifié à
Une semaine seulement après avoir été durement touchés, le Var et les Alpes-Maritimes vivent de nouveau au rythme des inondations. Les deux départements du sud-est de la France, où les précipitations se sont renforcées en fin d'après-midi dimanche, sont placés en vigilance rouge par Météo France.
REPORTAGE

Les prévisions de Météo France se confirment malheureusement pour les habitants du Var et des Alpes-Maritimes. Placés en vigilance rouge pour un risque d'inondation, une semaine seulement après des événements similaires, les deux départements subissent dimanche soir de fortes précipitations, faisant craindre le débordement des nappes phréatiques déjà surchargées. Cela devrait durer jusqu'à 21 heures, au moins. Les autorités appellent à la plus grande prudence et demandent expressément aux habitants de ne pas sortir de chez eux. "Nous sommes en état d'alerte maximum", explique Sébastien Leroy, le maire de Mandelieu-la-Napoule. Par précaution, les centres commerciaux ont été fermés à la mi-journée, et les manifestations sportives et culturelles ont été annulées, comme la rencontre de Ligue 1 entre Monaco et le Paris Saint-Germain. Le trafic SNCF est suspendu jusqu'à demain et l'accès aux massifs forestiers dans le Var et les Alpes Maritimes est interdit en raison des risques de chutes d'arbres et de glissements de terrains.

Vive inquiétude à Mandelieu

Sur l'autoroute A8 par exemple, fermée par la préfecture des Alpes-Maritimes dans le deux sens de la circulation entre Cannes et Grasse, la situation s'est détériorée très rapidement. L'asphalte n'arrivant pas à évacuer l'eau, les zones inondées étaient beaucoup trop nombreuses, accentuant le risque d’aquaplaning. Plusieurs accidents avaient été signalés dans l'après-midi, et l'échangeur de Cannes la Bocca avait déjà été fermé par précaution. Cette route dessert Mandelieu-la-Napoule où 1.200 personnes sont actuellement privées d’électricité. "Il faut à tout prix éviter le secteur", prévient son maire Sébastien Leroy. Ce dernier demande aux habitants "de ne pas sortir et de rester chez eux, sur un point élevé". Si les cours d'eau n'ont pas encore débordé, il s’inquiète tout de même du niveau très élevé de l'Argentière. "Nous avons des écoulements très forts des collines qui ont totalement inondé les parties urbaines de l'ouest de la ville", précise l'édile. 

Plusieurs dizaines de personnes ont du être évacuées de leurs habitations. Elles passeront la nuit dans un centre d'hébergement provisoire. "Je n'avais pas le choix, il y avait plein d'eau. On aurait dit un fleuve", explique Nassim, qui habite en rez-de-jardin dans un quartier en bord de mer. Il a été évacué de force par la sécurité civile. Car malgré l'application du plan Orsec, malgré les nombreux appels radio et la sirène qui a retenti à plusieurs reprises dans la ville, certains se sont fait surprendre par la montée des eaux. A l'image de Guillaume, dépité, qui a du abandonner sa voiture. "Je pense qu'elle est sous l'eau", réagit-il. "Cela fait un petit choc, on ne s’en rend pas compte quand on regarde ça à la télé. Mais quand on vit le moment présent, cela fait un petit peu peur", avoue-t-il. Si l’afflux de sinistré se poursuit, la mairie a prévu d’ouvrir un gymnase dans la soirée et de reloger les habitants dans des hôtels.

Au total, les pompiers sont déjà intervenus à près de 200 reprises à cause des intempéries dans le département, où des opérations de reconnaissances sont en cours. La plus notable a eu lieu à Pégomas, à la frontière entre les Alpes-Maritimes et le Var. Une coulée de boue est venue impacter une unité diététique où 100 patients résidaient. L'intervention a nécessité le déploiement d'une cinquantaine de sapeurs-pompiers, qui ont pris en charge deux victimes en urgence relative. 40 personnes ont également été mises à l'abri dans un bâtiment adjacent. 

Le Muy replonge dans le cauchemar 

Dans le Var, on entre aussi dans le gros des précipitations. A la sortie du Muy, déjà touché la semaine dernière, le quartier Maralouche est pratiquement désert. Seules deux familles sont encore présentes dans leur maison. "On nous a averti que cela allait déborder", explique Sonia. "On a déjà évacué les voitures, mais si on voit que cela monte de trop, on ferme tout et on évacue comme la dernière fois." Cela fait 30 ans qu'elle habite au Muy, et elle n'avait "jamais vu cela". Au dernier relevé de la mairie, le niveau de l'Argens, le fleuve côtier qui borde certains quartiers du Muy vient de monter de 18 centimètres en tout juste une heure. 

Tous les sinistrés du weekend dernier on déjà été relogés en sécurité dans un camping à l'entrée de la ville. Mais beaucoup affichent leur résignation avec cette deuxième alerte rouge en une semaine. "Cela fait peur", avoue Mélanie, "mais je me dis que là où je suis je ne crains plus rien. De toute façon je n'avais plus rien". Dans sa maison, il ne reste que quelques "babioles" qu'elle n'a pas eu le temps de trier. "Il n'y a pas grand chose à récupérer", soupire-t-elle de toute façon.