Image d'illustration. 2:03
  • Copié
Pierre Herbulot, édité par Laetitia Drevet
Les propriétaires du logement qu'une infirmière héraultaise avait dit avoir été obligée de quitter après avoir été harcelée à cause de son métier en pleine pandémie de Covid-19 ont été relaxés lundi par le tribunal correctionnel de Montpellier.

L'affaire avait provoqué un vif émoi. Un couple de retraités a été jugé lundi au tribunal de Montpellier, accusé d’avoir harcelé leur locataire et voisine infirmière pendant le confinement. D'après elle, ses propriétaires craignaient qu’elle ne contracte le Covid-19 à l'hôpital et ne les contamine. Mais le couple a finalement été relaxé.

Toutes les demandes des parties civiles rejetées

Toutes les demandes des parties civiles ont été rejetées. Le manque d’eau chaude dans l’appartement de l’infirmière ? Une surconsommation liée à l’arrivée dans l’appartement de plusieurs membres de sa famille, répondent-ils. Les coupures d’électricité ? Un simple fusible qui aurait sauté, assure le couple. Pour la tentative d’enfumage de l’appartement au pot d’échappement, une vidéo fournie par l’avocat de la défense montre que la voiture était loin de la fenêtre, qui était d’ailleurs fermée.

Le couple de retraités, chemises à fleurs assorties, est resté impassible. L’infirmière, elle, s’agite sur son banc quand le président remarque que les faits reprochés se déroulent toujours quand elle est au travail, et qu’ils seraient plutôt dirigés contre sa famille. "Cela n'a pas de rapport avec votre métier d’infirmière ?", lui demande-t-il. "Pas directement au début", concède-t-elle, avant de rappeler qu’elle a tout de même fini par déménager.

"Un emballement judiciaire", pour l'avocat de la défense

Après l'annonce de la relaxe, Mélina, l'infirmière, ne cache pas sa rancœur. "Je trouve cela honteux. C’est la porte ouverte à beaucoup de choses. Je pense que parfois, la justice n’est pas bien faite." Tout sourire à la sortie du tribunal, Me Legros, l’avocat de la défense, voit, lui, une victoire de la justice sur l’emballement médiatique. "Comme je l’ai dit, on était tous derrière nos héros. Quand on a cru que l’un de nos héros était chassé, il a fallu abattre le méchant. Mais il n’était pas méchant. Il y a eu un emballement judiciaire, mais le tribunal correctionnel l’a stoppé", affirme-t-il. Entre l’infirmière harcelée en plein confinement et le simple conflit de voisinage, les juges du tribunal de Montpellier ont en tous cas tranché.