Incendie de Notre-Dame : une enquête dénonce le "fiasco" conduisant au drame

  • Copié
Ugo Pascolo
Un an après le choc mondial de l'incendie de Notre-Dame de Paris, le journaliste Laurent Valdiguié livre un livre-enquête dans lequel il revient sur cette série de manquements, ces "vanités" qui ont irrémédiablement conduit à la destruction d'une partie de ce "point fixe de la mémoire française". 
INTERVIEW

Une série de manquements, de "vanités", qui ont conduit au brasier. Un an après le choc de l'incendie de Notre-Dame de Paris, le journaliste Laurent Valdiguié accouche d'une enquête dans son livre "Notre-Dame, Le brasier des vanités". Invité du "Grand journal du soir" d'Europe 1 samedi, il dresse un constat alarmant de l'état de santé de ce "point fixe de la mémoire française" avant et après le drame, et dénonce le "fiasco, l'éparpillement des responsabilités, et l'irresponsabilité de l'administration française dans son ensemble", alors que l'enquête est toujours au point mort. 

"Un bâtiment déjà à bout de souffle"

Bien avant le drame de ce 15 avril 2019, "tout était un peu à l'économie sur Notre-Dame", indique le journaliste. "Le bâtiment était déjà à bout de souffle", et la Grande Dame "souffrait beaucoup d'un peu de tout. C'était souvent les mécènes américains qui étaient appelés pour réparer une gargouille par-ci, un morceau de toiture par-là..." Bref, "le bâtiment était un peu en péril". Une situation peu glorieuse pour un bien aussi précieux dont l'incendie, cette "honte pour notre génération qui en avait la charge" estime-t-il, ne serait donc que la suite logique. Une série d'événements qui ont entraîné un constat glaçant : "Quand les pompiers arrivent sur place, la charpente est perdue."

Un système d'alarme incendie "mal conçu"

Parmi les nombreux éléments de son enquête, "le plus tragique" est celui de "l'implantation d'un système de sécurité incendie dans les années 2010", avance Laurent Valdiguié. "Un système très sophistiqué mis en place dans la charpente, cette forêt vieille de 800 ans qui était restée jusque-là seule à l'abri de la foudre". D'après lui, ce dispositif a été "tellement mal conçu, qu'il n'a pas été imaginé pour un incendie comme celui" survenu ce soir d'avril. "Il était pensé pour un feu qui se propage très lentement, avec une petite fumée détectée rapidement qui laisse le temps aux pompiers d'intervenir". C'est exactement l'inverse qui s'est produit. 

Mais le journaliste décrit également un chaos administratif, ainsi qu'une "foule d'experts qui refuse unanimement de s'expliquer depuis un an". Et de pointer que les personnes "en charge des travaux avant l'incendie, sont les mêmes qui sont désormais en charge de la reconstruction".