Incendie à Rouen : "On ne connaît toujours pas tous les produits qui ont brûlé"

  • Copié
Tiffany Fillon , modifié à
Invitée sur Europe 1, Ginette Vastel, de l'association France nature environnement déplore le manque de transparence concernant les produits qui ont brûlé, jeudi, lors de l'incendie d'une usine Seveso à Rouen. Son association sera présente, samedi, avec des syndicats et d'autres associations écologistes, devant le palais de justice de Rouen pour demander plus d'informations sur cet accident industriel. 
INTERVIEW

Au micro de Wendy Bouchard, Ginette Vastel administratrice et co-pilote du réseau risques et impacts industriels chez France nature environnement s'est exprimée sur les risques sanitaires suite à l'incendie d'une usine chimique à Rouen, jeudi. Elle dénonce une communication encore trop partielle

"À France nature environnement, on déplore que l’on soit dimanche et que, pour un incendie qui s’est passé jeudi, on ne connaisse toujours pas tous les produits qui ont brûlé. Pour pouvoir avoir une idée des risques, il faut connaître cette liste de produits. Aujourd’hui des mesures ont été faites, mais elles sont correctes uniquement pour des polluants spécifiques", explique-t-elle.

Samedi, le préfet de Normandie, Pierre-André Durand, a présenté les résultats de différentes analyses et évoqué "une situation normale" de la qualité de l'air, sauf sur le site de Lubrizol où du benzène a été détecté. Mais Ginette Vastel pense que ce n'est pas suffisant. Car, pour l'instant, le doute plane encore sur les "produits de dégradation". "Quand vous avez un produit qui brûle, à la sortie vous ne retrouvez pas le même produit. Vous trouvez un produit qui est modifié. Ce sont ces produits là qu’il faut connaître pour savoir s’il y a un risque", dénonce-t-elle. 

Ginette Vastel propose donc d'"étudier les suies" pour déterminer les "produits dans le panache qui se sont refroidis et déposés". "Si des prélèvements ont été faits dans le panache et étudiés dans un laboratoire spécialisé, on ne le sait pas. Si des études ont été commandées sur des suies, on ne le sait pas non plus", se plaint-elle. 

Une annonce de résultats trop tardif 

Alors que l'incendie a eu lieu il y a trois jours, Ginette Vastel pointe aussi le manque de rapidité concernant la révélation des résultats. "C’est long. D'autres analyses sont peut-être en cours mais on n’a pas les résultats. Mais alors, pourquoi ne pas dire quels types d’analyses sont en cours ? Ça laisse planer un doute et on voit bien que les gens n’ont pas confiance en ce qui est dit", affirme-t-elle. 

Ginette Vastel estime également que "la liste des produits qui ont brûlé" n'est "pas compliquée à obtenir". "Quand vous êtes sur un site Seveso, vous avez forcément la liste des produits stockés. Le stockage de produits dans un tel site est l’un des éléments étudiés", rappelle-t-elle. 

Dès samedi, plusieurs syndicats, dont la CGT et Solidaires, mais aussi des associations écologistes (Greenpeace, France nature environnement) avaient appelé à manifester mardi à 18 heures devant le palais de justice de Rouen, exigeant "une transparence complète" sur cet accident industriel. Dans un communiqué commun, ils regrettent que "la liste des produits qui ont brûlé n'ait pas été communiquée".