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Justin Morin , modifié à
Un arrêté oblige les agriculteurs à consigner leur production jusqu'à ce que des tests sanitaires soient faits après l'incendie d'une usine à Rouen. Impossible pour certains, très contraignant pour tout le monde.
REPORTAGE

À Rouen, trois jours après la catastrophe de l'usine Lubrizol, le préfet de Seine-Maritime continue de rassurer la population. De nouveaux résultats d'analyse "plus poussés" ont été publiés hier soir : la qualité de l'air est jugée normale, à part aux alentours de l'usine ou du benzène a été détecté. Quant aux analyses de la suie qui s'est déposée sur le trajet du nuage noir, les résultats sont jugés "encourageants" par la préfecture.

Mais tout n'est pas sous contrôle pour autant. La préfecture a publié un arrêté pour les agriculteurs sur une zone englobant 112 communes. Ordre a été donné de "consigner" leur récolte ou leur production susceptibles d'avoir été exposées, jusqu'à ce que des tests sanitaires aient été réalisés. Un principe de précaution qui les a pris par surprise. Et met certains en grande difficulté, à l'instar de Jean-Hugues Fleutry.

"Je ne peux pas stocker le lait plus de deux jours"

Cet éleveur de vaches laitières à Préaux, à une dizaine de kilomètres de Rouen, avait l'impression d'avoir tout fait correctement : alors que le nuage noir passait au-dessus de la tête de son troupeau, les bêtes ont été rapatriées sous le hangar. Depuis, elles vivent sur les stocks de foin propre prévus pour l'hiver. Mais l'arrêté ne peut pas être respecté pour le lait.

"Je ne peux pas le stocker plus de deux jours, c'est impossible", tonne Jean-Hugues Fleutry. "On ne pourrait même pas le travailler pour faire du fromage, il ne sera plus consommable. Là concrètement, je suis obligé de jeter. Donc c'est à peu près entre 500 et 600 euros de perte par jour. On est dans une impasse. Je ne peux pas comprendre, qu'on m'explique comment faire."

"Il faut que les analyses soient rapides"

 

Même problème pour le lait d'Arnaud Leprevost qui, lui, a aussi dû annuler les récoltes de ses 25 hectares de maïs. Elles étaient pourtant prévues depuis un mois. "On le voit tout de suite. Toutes les feuilles vertes sont noires, c'est bien trop risqué de mettre ça en silo", reconnaît-il. "On est suspendus aux analyses. Quelles qu'elles soient, il faut que ce soit rapide."

Dès l'incendie, des prélèvements ont été effectués dans une commune voisine. Et des résultats sont promis d'ici à mercredi.