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Romain David , modifié à
Au micro d'Europe 1, le journaliste Frédéric Martel évoque sa longue enquête sur la face cachée du cardinal Barbarin, de retour devant la justice, après une première condamnation pour non dénonciation d'agressions sexuelles. Le journaliste révèle notamment les confidences de proches du pape sur l'épisode de la démission avortée de Philippe Barbarin.
INTERVIEW

Le cardinal Barbarin est de retour devant la justice à Lyon pour son procès en appel. Il y a huit mois, l’ecclésiastique contestait sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels du père Preynat, un curé de son diocèse. En marge de ce nouvel épisode judiciaire, le journaliste Frédéric Martel, auteur de Sodoma : enquête au cœur du Vatican sur l’homosexualité au sein de l’Eglise catholique, livre dans les colonnes du Nouvel Obs une longue enquête sur la face cachée du cardinal Barbarin. Il y révèle notamment que le prélat des Gaules a tout fait pour conserver son poste, en dépit des pressions et de la curée médiatique.

Le 18 mars 2019, le cardinal Barbarin, tout juste condamné, remet son sort entre les mains du pape François. Coup de tonnerre, 24 heures plus tard : le souverain pontife refuse, au nom de la présomption d’innocence, la démission du cardinal qui opte alors pour une simple "mise en retrait". Mais pour Frédéric Martel, cet épisode aurait été largement romancé par Philippe Barbarin qui aurait supplié pour conserver son poste. "La seule information officielle que l’on avait est ce qu’a dit Barbarin [à propos de son entretien avec le pape, ndlr]. Or, deux sources précises de l’entourage du pape, mais aussi une part des prêtres lyonnais, sont convaincus qu’il est impossible que le pape ait contraint Barbarin à rester à Lyon", révèle au micro de Matthieu Belliard, dans la matinale d’Europe 1, Frédéric Martel.

"S’il lui avait exprimé clairement que la situation était d’espérée, que les pétitions étaient nombreuses, que les prêtres eux-mêmes, à plus de 80%, se retournaient contre lui, il est impossible que le pape l’eut maintenu. C’est donc que Barbarin a tout fait pour rester à Lyon", poursuit le journaliste. "Aujourd’hui, il continue de tirer les ficelles" au sein de son diocèse, ajoute-t-il.

Des liens avec Preynat bien antérieurs à 2007

Autre élément remis en cause dans l’affaire Barbarin : la date à laquelle le cardinal aurait eu connaissance des rumeurs accusant le père Preynat de pédophilie. L’ecclésiastique a expliqué ne pas avoir eu vent de ces agressions avant 2007. Mais dans les colonnes du Parisien, un prêtre, sous le nom de François, affirme qu’il a discuté avec le cardinal de ce sujet en 2002. Pour Frédéric Martel, Philippe Barbarin et Bernard Preynat se connaissaient déjà de longue date. "Dès 1991, les deux hommes se rencontrent. Cela atteste d’une connaissance et d’une proximité ancienne, peut-être même d’une certaine amitié", pointe le journaliste. "Au début des années 2000, l’une des premières églises que le cardinal Barbarin inaugure après sa nomination à Lyon est celle de Preynat. Il y a des liens", affirme-t-il.