Hyper Cacher : une Française rentrée de Syrie affirme que son ex-mari a commandité l'attentat

Une Française rentrée de Syrie affirme que son ex-mari a commandité l'attentat de l'Hyper Cacher.
Une Française rentrée de Syrie affirme que son ex-mari a commandité l'attentat de l'Hyper Cacher. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Sonia M., une Française rentrée de Syrie en janvier et incarcérée depuis a affirmé devant un juge que son premier mari était le commanditaire de l'attentat contre l'Hyper Cacher et de celui de Villejuif. Elle doit être entendue comme témoin lors du procès des attentats de 2015 le 26 octobre.

Une Française rentrée de Syrie en janvier et en prison depuis a affirmé devant un juge d'instruction que son premier mari, un vétéran du djihad, était le commanditaire de l'attentat contre l'Hyper Cacher, selon des procès-verbaux d'interrogatoire révélés par Libération. Jeudi, le parquet national antiterroriste a demandé de verser ces pièces ainsi que des procès-verbaux d'autres procédures aux débats du procès des attentats de janvier 2015. Sonia M. doit être entendue comme témoin lors du procès le 26 octobre.

L'ex-mari de Sonia M. visé par un mandat d'arrêt international

Sonia M., 31 ans, mise en examen et écrouée le 28 janvier après son expulsion vers la France avec ses trois enfants, a raconté avoir épousé à son arrivée en Syrie en octobre 2014 le vétéran du djihad Abdelnasser Benyoucef, alias "Abou Moutana".

Ce dernier est connu de la justice française : visé par un mandat d'arrêt international, il est soupçonné d'être l'un des donneurs d'ordre de Sid Ahmed Ghlam, qui doit être jugé à partir du 5 octobre pour l'attentat avorté de Villejuif de 2015, au cours duquel une femme, Aurélie Châtelain, avait été assassinée.

"Il m'a dit qu'il avait aidé à ce que cela se fasse pour ces deux attentats"

Selon Sonia M., il occupait au sein du groupe djihadiste Etat islamique la fonction d'"émir des opérations extérieures" et s'occupait donc des "attentats à l'étranger". "Il m'a parlé de l'Hyper Cacher et de l'attentat raté car, à l'époque, c'était d'actualité concernant le projet raté" d'attentat à Villejuif, a raconté en mars la jeune femme devant le juge. "Il m'a dit qu'il avait aidé à ce que cela se fasse pour ces deux attentats."

Lors d'un autre interrogatoire en juillet elle a réitéré ses propos. "Il m'a dit qu'il avait trouvé la personne qui avait commis l'attentat de l'Hyper Cacher et il en vantait les mérites et disait qu'il était sincère envers Dieu", a-t-elle expliqué. Le 9 janvier, Amédy Coulibaly avait tué quatre hommes, tous juifs, lors de la prise d'otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. La veille, il avait abattu une policière municipale à Montrouge.

Devenu émir d'une katiba avant sa mort en 2016

Selon Sonia M., Abdelnasser Benyoucef aurait "voulu arrêter" ensuite de s'occuper des opérations extérieures. "Il me disait que ça le fatiguait", a-t-elle expliqué. Parti à Deir Ezzor, en Syrie, près de la frontière irakienne, il serait selon ses dires devenu "émir d'une katiba, une brigade de combattants", jusqu'en "mars 2016, où il est mort". "Il a pris une balle dans la jambe quand il est parti récupérer un homme blessé (...). Il est mort une semaine après", a détaillé la jeune femme, qui s'est remariée peu après avec un autre homme.

Réfugiée dans le village de Baghouz avec son deuxième mari, elle s'est rendue aux forces kurdes en mars 2019 lors de la chute du dernier fief de l'EI puis a passé huit mois dans le camp d'Al Hol, avant de s'en échapper et de rejoindre la Turquie grâce à des passeurs, selon ses auditions.  Elle a été expulsée dans le cadre du "protocole Cazeneuve", un accord de coopération policière entre Paris et Ankara qui permet que des djihadistes de retour de Syrie via la Turquie soient expulsés vers la France et immédiatement arrêtés à leur retour. Contacté par l'AFP, son avocat, Nabil Boudi, a refusé de faire des commentaires.