La pyramide du Louvre a été imaginée dès le 19e siècle ! (et 7 autres anecdotes sur le plus célèbre musée du monde)

musée Louvre pyramide
Le musée du Louvre a ouvert ses portes au grand public pour la première fois en 1793. Mais son histoire est bien plus vieille. © FRANCOIS GUILLOT / AFP
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Ancienne forteresse convertie en résidence royale, puis seulement en musée, le Louvre cache bien des secrets.
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C'est le musée de tous les records, notamment celui de la fréquentation. Mais aussi celui dont la riche histoire fourmille de secrets bien gardés et d'anecdotes savoureuses pas toujours parvenues aux oreilles du grand public. Sous sa pyramide, entre ses caryatides, le musée du Louvre cache encore bien des histoires. Qui, de la royauté ou de la Révolution, a fondé le musée le plus visité au monde ? Europe 1 vous racontait dans ce podcast la genèse du Louvre. Cette fois, nous avons sélectionné huit anecdotes insolites pour en apprendre plus sur cette institution. 

Écoutez le récit de la naissance du Louvre, raconté par Fabrice d'Almeida dans "Au cœur de l'histoire" :

 

Quel roi est mort au Louvre ?

Avant d'être un musée, le Louvre a rempli bien des fonctions : forteresse protectrice de Paris sous Philippe-Auguste, c'est également un coffre-fort, une prison ou une demeure occasionnelle, jusqu'à ce que François 1er en fasse une résidence. Si beaucoup de rois y ont vécu, seulement l'un d'entre eux y est mort.

Le 14 mai 1610, Henri IV quitte le Louvre dans son carrosse pour rendre visite à son ministre Sully, cloué au lit par la grippe. Portes ouvertes pour profiter du beau temps, il se retrouve coincé, aux alentours de 16 heures, dans la très étroite rue de la Ferronnerie. C'est le moment que choisi François Ravaillac, catholique intégriste, pour porter trois coups de couteau au roi. Ramené en toute hâte au Louvre, Henri IV meurt dans la salle des caryatides.

D'où vient l'idée de faire un musée ?

Lorsqu'il arrive au pouvoir en 1651, Louis XIV procède, comme ses prédécesseurs, à des aménagements de la résidence royale du Louvre. Mais le souverain décide rapidement de loger plutôt à Versailles, où il déménage définitivement en 1682, emportant au passage plusieurs dizaines d'œuvres, notamment des meubles. Des centaines de peintures restent cependant entreposées au Louvre, d'autant que le Roi-Soleil, boulimique d'art, achète à tour de bras. Il acquiert notamment une partie de la collection de Mazarin, décédé en 1661.

Peintures italiennes, allemandes et flamandes viennent enrichir les collections, de même que des bustes et des sculptures. Louis XIV achète aussi treize tableaux de Nicolas Poussin. Conservées au Louvre, les œuvres sont accessibles sur demande par des artistes ou des amateurs. Prémices de ce qui deviendra plus tard un musée.

Quelle était l'autre fonction du Louvre ?

Henri IV déjà logeait dans le palais de Louvre les peintres qu'il appréciait et leur famille. Mais c'est au 18e siècle que le palais prend officiellement des allures de résidence d'artistes, qui ont des ateliers sur place. Lorsqu'après la Révolution, en 1793, le musée ouvre ses portes pour la première fois, c'est aussi un établissement dédié à la formation des artistes.

Tout ce petit monde sera expulsé sous Napoléon, en 1801, pour être relogé à la Sorbonne. Celui qui n'est pas encore empereur à ce moment-là estime, avec Dominique Vivant Denon, nommé à la tête du musée, que le Louvre doit être le lieu où l'art s'admire, non celui où il est produit.

De quel grand homme le Louvre a-t-il porté le nom ?

Sous Napoléon Bonaparte, assisté de Dominique Vivant Denon, le Louvre est un véritable outil politique, vitrine de flamboyantes victoires. Le musée sert à entreposer et exhiber des œuvres pillées un peu partout pendant les campagnes égyptiennes et européennes de l'empereur expansionniste. À tel point que, le 9 novembre 1802, le Louvre est renommé "musée Napoléon".

Tout s'effondre en 1815, avec la chute de l'Empire. Le musée perd non seulement son nom, mais plus de 5.000 œuvres, qui seront restituées. Sculptures, statues, peintures, dessins et vases antiques retournent dans leur pays d'origine. À l'exception notable des "Noces de Cana", de Paul Véronèse, échangées avec Venise contre un Le Brun et huit cents dessins, et qui restent aujourd'hui le plus grand tableau du Louvre.

À partir de quand le Louvre est-il devenu payant ?

À son ouverture en 1793, le musée du Louvre était gratuit. Toujours prompt à faire profiter le plus grand nombre de la grandeur culturelle de son empire, Napoléon Bonaparte préserve cette gratuité, qui reste en vigueur jusqu'en 1922. On ne conserve alors qu'un après-midi par semaine gratuit, tous les jeudis, avant d'instaurer cette gratuité tous les dimanches, jusqu'en 1990.

Comment les œuvres du Louvre ont-elles été sauvées des Nazis ?

Tout conflit sur un territoire pose la question de la protection des œuvres. Le musée du Louvre, qui a failli être dynamité pendant la Commune et a évacué de nombreuses œuvres vers Toulouse pendant la Première guerre mondiale, se prépare donc activement dès 1938, lorsque la guerre avec le IIIème Reich apparaît inévitable. Le directeur des musées nationaux de l'époque, Jacques Jaujard, échafaude tout un tas de plans pour mettre les œuvres à l'abri.

Mais l'Occupation change la donne. Le danger n'est plus celui d'un bombardement mais celui d'une confiscation des peintures, sculptures et dessins, comme le fait le Reich avec le patrimoine culturel détenu par les Juifs. Jacques Jaujard entreprend de dissimuler les œuvres, notamment dans des châteaux dans le Lot.

Mais tout cela aurait été vain sans le concours de Franz von Wolff-Metternich. Cet historien de l'art et conservateur est envoyé en France pour diriger le service du Kunstschutz au sein de la Wehrmacht. Autrement dit, il devient responsable de la protection des œuvres d'art "de l'ennemi". Et c'est lui qui, même après avoir appris la localisation exacte des tableaux cachés, décidera plutôt de fermer les yeux et d'aider Jacques Jaujard. Il finit d'ailleurs par être destitué et réexpédié à Bonn, puni pour sa francophilie qui ne fait pas grande impression à Berlin. En 1952, Franz von Wolff-Metternich reçoit la Légion d'honneur des mains du général de Gaulle pour ses services rendus.

Qui a eu l'idée d'installer une pyramide devant le Louvre ?

En 1989, la pyramide du Louvre, conçue par l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei, est inaugurée. La construction de verre fait polémique depuis son lancement, en 1981. "Degré zéro de l'architecture", "appel à l'insurrection", "Disneyland, "Luna Park", "entonnoir", "Maison des morts"… on ne compte plus les commentaires "sympathiques" des critiques et historiens de l'art. Pourtant, il est loin d'être le seul à avoir eu des rêves pyramidaux pour la cour centrale du bâtiment.

Dès 1809, l'ancien secrétaire au conseil du roi Bernard François Balzac évoque une construction de cette forme pour rendre hommage à Napoléon Bonaparte (encore lui !). En 1889, l'architecte Louis Ernest Lheureux propose aussi un projet de pyramide de style néo-aztèque pour célébrer la Révolution française.

Dans tous les cas, la pyramide de Pei, qui ne fait toujours pas l'unanimité, possède une autre particularité : c'est la toute première grande construction architecturale du monde en verre feuilleté. Ce verre, composé en réalité de deux couches de verre séparée par un intercalaire, ne se désagrège pas lorsqu'il se casse (c'est le même qui est utilisé pour les pare-brise) mais, surtout, limite grandement les reflets. Tout l'enjeu de la pyramide du Louvre étant d'inscrire un élément contemporain sans empêcher de voir le bâtiment originel derrière.

Pourquoi la Joconde est-elle si protégée ?

Le musée du Louvre est passé champion dans l'art de protéger ses œuvres. Notamment parce qu'il a été échaudé par le vol de la Joconde en 1911, par un vitrier italien qui avait travaillé au Louvre et mis le portrait sous verre. L'homme cache le tableau, emporté sous sa blouse le 21 août à la fermeture du musée, pendant deux ans dans un appartement décrépit. Avant d'être repéré lorsqu'il tente de le revendre en 1913.

Aujourd'hui, le Louvre imagine et conçoit lui-même la plupart des mécanismes antivol, qui sont parmi les plus perfectionnés au monde. Des vis aux cadres des tableaux, en passant par les détecteurs de proximité, les grands moyens sont déployés. La Joconde, en plus d'être protégée par tous les moyens classiques ultra-perfectionnés, elle est placée sous la vigilance permanente d'une demi-douzaine de personnes qui se relaient dans la salle et derrière les caméras de surveillance.

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