canard 1:31
  • Copié
Benjamin Peter, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Alors que quelque 119 foyers d'infection à la grippe aviaire ont été recensés dans les Landes, le gouvernement a annoncé jeudi soir une amplification des abattages préventifs de canards. Dans la région, la filière est inquiète, et les éleveurs bio redoutent de ne plus pouvoir élever leurs volailles en plein air.
REPORTAGE

Depuis le mois de décembre, 600.000 canards et volailles ont été abattus, et des centaines de milliers d'autres vont l'être dans les prochains jours en réponse à l'épizootie de grippe aviaire qui semble incontrôlable dans le département des Landes. Alors que deux nouveaux abattoirs vont être réquisitionnés pour doubler les capacités d'abattage, et que le périmètre préventif autour des foyers identifiés va être élargi, les professionnels de la filière sont amers.

"Une économie locale à l'arrêt"

Éric Dumas est sidéré. Tous les canards de son exploitation de Chalosse doivent être abattus. Pour lui, qui est vice-président du Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog), qui regroupe une grande partie de la filière, c'est une nouvelle tragédie. "Nous sommes des centaines de familles sans revenus, des entreprises à l'arrêt avec des salariés au chômage et une économie locale qui va être à l'arrêt", déplore-t-il au micro d'Europe 1. "Ce sera le débat de demain : comment repartir ensemble avec des règles de sécurité communes dans toute la filière."

Inquiétude de la filière bio

Les mêmes règles pour tous ? C'est justement ce qui inquiète Emilie Deligny, éleveuse bio. Comme toutes les exploitations de moins de 3.200 canards, elle bénéficie d'une dérogation pour élever ses volailles en plein air, et elle redoute que l'on revienne dessus. "Pour nous, ce n'est pas entendable que le canard soit stigmatisé comme ça alors qu'il n'est pas plus vecteur de la maladie" affirme-t-elle. "La biosécurité ne fait pas tout, le risque zéro n'existe pas. On travaille avec le vivant, donc même en claustration, le vivant est toujours là et on ne travaille pas en zone complètement aseptisée."

Dans tous les cas, le ministre a insisté sur la nécessité de mettre en place de nouvelles mesures de biosécurité, plus progressives en fonction de la menace d'épizootie. Au total, 130 millions d'euros du plan de relance seront consacrés à cette biosécurité.