marcel benezet 1:29
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Douze jours après le début de la mobilisation contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement d’Edouard Philippe, Marcel Benezet, président de la branche Cafés Bars Brasseries du Groupement national hôtellerie-restauration, était invité lundi à faire un état des lieux sur Europe 1. Il alerte sur l’impact économique des grèves.
INTERVIEW

Le mouvement de contestation contre la réforme des retraites du gouvernement d’Edouard Philippe en est à son douzième jour. Problème de livraison des marchandises, indisponibilités du personnel, annulations des réservations des touristes… Pour les commerçants, les grèves sont un coup dur. "Nous sommes dans une situation économique dramatique, on aura du mal à se relever", alerte Marcel Benezet, président de la branche Cafés Bars Brasseries du Groupement national hôtellerie-restauration au micro d’Europe 1. "On met en danger le commerce."

"Des établissements à moins 70% de chiffre d’affaires"

Très inquiet au sujet des fêtes de fin d’année, il sera reçu mercredi à Bercy. "A Noël, il y aura très peu de bars et de restaurants ouverts", prévient-il. "Il y a des entreprises qui sont déjà en train de préparer les papiers en cas de faillite, surtout les jeunes sociétés. Comment voulez-vous qu’elles payent les charges, le personnel, les marchandises et le loyer ? On ne dort pas quatre fois dans une nuit d’hôtel et on ne mange pas quatre fois en un repas. Ce qui est perdu aujourd’hui ne sera pas rattrapé demain. Pour l’hôtellerie et la restauration, on peut considérer que c’est cuit."

"Ce week-end, je me suis promené dans Paris : les établissements sont à moins 50% de chiffre d’affaires", témoigne-t-il. "Dans d’autres rues, on atteint les moins 70% ! J’ai aussi appelé plusieurs de nos adhérents qui ont des affaires aux abords des gares de Lyon, de l’Est et Saint-Lazare, c’est vraiment catastrophique. Même à côté de l’église Notre-Dame de Paris, les brasseries ferment dès 21 heures pour ne pas avoir à payer le taxi aux employés ! Les hôtels, eux, passent plus de temps à gérer les annulations que les réservations. On est les otages de 220.000 personnes qui bloquent 67 millions de Français. Il faut que ça change !"

"C'est pire que les Gilets jaunes"

Pour les commerçants, la situation s’annonce encore plus compliquée que l’année qui vient de s’écouler, marquée par le mouvement des "gilets jaunes". Selon l’Insee, la fréquentation des hébergements collectifs exprimée en nuitées avait par exemple déjà chuté de 2,5% sur les trois premiers mois de 2019, comparé à la même période en 2018. "C’est pire que les "gilets jaunes" car eux c’était une fois par semaine ; les grèves actuelles, c’est tous les jours !", déplore Marcel Benezet. "Imaginez : les enseignes perdent 50% de recettes par rapport à l’année dernière, qui était déjà une très mauvaise année en termes de chiffre d’affaires."

Pour donner un coup de pouce aux dirigeants d’entreprise, il demande notamment à ce que les heures supplémentaires, défiscalisées pour les non-salariés, soient également défiscalisées pour les chefs d’entreprise. "Les collaborateurs de la RATP et la SNCF ont touché leur treizième mois", s’agace-t-il. "Nos salariés, eux, nous avons déjà du mal à les payer. Comment voulez-vous qu’ils achètent des cadeaux à leurs enfants ?"