Réforme des retraites : ce qu'il faut retenir des annonces d'Édouard Philippe

Édouard Philippe a présenté le projet de réforme des retraites.
Édouard Philippe a présenté le projet de réforme des retraites. © Thomas SAMSON / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Édouard Philippe a dévoilé mercredi les contours de la réforme des retraites. Le Premier ministre a annoncé la fin des régimes spéciaux, une retraite de 1.000 euros minimale ou encore l'instauration d'un âge d'équilibre avec un système de bonus-malus.

Le gouvernement a mis carte sur table. Édouard Philippe a dévoilé mercredi son projet de réforme des retraites, une allocution très attendue au lendemain d’une nouvelle journée de grève. Le Premier ministre a acté la suppression des régimes spéciaux et annoncé qu'une retraite minimale de 1.000 euros sera garantie pour une carrière complète au Smic. Le projet va également instaurer un âge d'équilibre, qui sera de 64 ans en 2027, avec un système de bonus-malus, alors que l'âge légal de départ à la retraite reste à 62 ans. La première génération concernée par la réforme sera la génération née en 1975. Europe 1 vous détaille ce qu'il faut retenir des annonces d'Édouard Philippe. 

Les principales informations à retenir :

  • Édouard Philippe a détaillé le projet de réforme des retraites, mercredi midi
  • Les régimes spéciaux seront supprimés
  • Une retraite de 1.000 euros sera garantie pour une carrière complète au Smic
  • Le gouvernement va instaurer un âge d'équilibre, qui sera de 64 ans en 2027, avec un système de bonus-malus. L'âge légal reste à 62 ans 
  • La première génération concernée par la réforme sera la génération née en 1975 

La fin des régimes spéciaux 

Édouard Philippe a acté la suppression des régimes spéciaux, qui seront fondus dans le système universel. "La mise en place d’un régime universel implique la suppression des 42 régimes spéciaux, dont la SNCF et la RATP", a assuré le Premier ministre, alors que le mouvement de grève est très suivi dans les deux entreprises de transport public.

Qui dit fin des régimes spéciaux, dit également fin du système des fonctionnaires qui permettait de prendre en compte les six derniers mois de carrière pour le calcul des pensions. La création d'un nouveau mode de calcul aligné sur celui du privé impliquera, assure le chef du gouvernement, une revalorisation des revenus des fonctionnaires ou une meilleure prise en compte de leurs revenus existants. Les primes des fonctionnaires "leur permettront d'acquérir des droits", contrairement au système actuel, a-t-il assuré. Le niveau des pensions des enseignants sera "sanctuarisé" dans la loi, a ajouté le chef du gouvernement. "Nous sommes prêts à mettre en place des dispositifs très protecteurs qui permettront de garantir que nul n'est lésé", a-t-il assuré. Les enseignants seront revalorisés en 2021, mais Edouard Philippe n'a donné aucune précision sur la manière (via des primes ou des augmentations de salaire ?).

"Les élus et les ministres seront traités comme tous les Français", a-t-il également certifié. Comprendre : leur régime spéciale à eux-aussi, sera revu.  

Une retraite de 1.000 euros garantie pour une carrière complète 

Édouard Philippe a également annoncé une retraite de 1.000 euros garantie pour une carrière complète au Smic. "Le système universel permettra de mieux protéger les Français les plus fragiles, qui sont de fait trop souvent les oubliés du système", a-t-il plaidé, précisant que ce minimum de pension "sera garanti par la loi à 85% du Smic dans la durée et évoluera comme celui-ci".

Le Premier ministre a assuré que le niveau de cotisation sera le même "sur la totalité des revenus jusqu'à 120.000 euros". Au-delà, la cotisation de solidarité "sera plus élevée qu'aujourd'hui", a-t-il poursuivi, sans en préciser l'augmentation ni le montant. 

Un âge d'équilibre à 64 ans en 2027, l'âge légal maintenu à 62 ans

La réforme des retraites va instaurer un âge d'équilibre, ou âge "pivot", avec un système de bonus-malus, comme préconisé par le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye. Concrètement, il faudra travailler plus longtemps pour profiter d'une pension complète, même si l'âge légal de départ à la retraite reste fixé à 62 ans. Cet âge d'équilibre sera de 64 ans en 2027, a précisé Édouard Philippe. 

Le Premier ministre a assuré que l'instauration de cet "âge d'équilibre" est "la seule solution" pour garantir les pensions. "Pour garantir les pensions, pour profiter de la hausse de l’espérance de vie sans augmenter les impôts, la seule solution c’est de travailler un peu plus longtemps, et progressivement un peu plus longtemps", a déclaré Édouard Philippe.

La valeur du point sera fixée par les partenaires sociaux

Les partenaires sociaux fixeront la valeur du point "sous le contrôle du Parlement", a assuré le Premier ministre. "La loi prévoira une règle d'or pour que la valeur du point acquis ne puisse pas baisser" avec "une indexation non pas sur les prix mais sur les salaires, qui dans notre pays augmentent plus vite", a-t-il précisé.

Le "retour à l'équilibre" financier sera confié aux partenaires sociaux

Les syndicats, y compris la CFDT, favorable à la réforme, avaient mis en garde le gouvernement : ils ne veulent pas de mesures visant à faire des économies immédiates. Le Premier ministre a donc décidé de confier "le retour à l'équilibre" financier du système des retraites aux partenaires sociaux.

"Si les partenaires sociaux s'entendent sur une telle trajectoire, le gouvernement la prendra à son compte", a ajouté le Premier ministre, qui a annoncé "dès l'année prochaine" la mise en place d'"une gouvernance" qui "leur confiera les principaux leviers", afin de "prendre des décisions qui seront mises en oeuvre dès le 1er janvier 2022. Selon le COR (Conseil d'orientation des retraites), le déficit du système actuel pourrait être compris entre 8 et 17 milliards d'euros en 2025. 

"Les femmes seront les grandes gagnantes"

"Les femmes seront les grandes gagnantes" de la réforme, a assuré mercredi le Premier ministre. Le nouveau système accordera notamment "des points supplémentaires pour chaque enfant, et ce dès le premier enfant, et non à partir du troisième comme aujourd'hui", a-t-il expliqué, en précisant que "cette majoration de 5% par enfant sera accordée à la mère, sauf choix contraire des parents".

La génération 1975 sera la première concernée

Comme l'annonçait Europe 1, les Français nés avant 1975 "ne seront pas concernés" par la réforme des retraites, et la génération 2004, celle "qui aura 18 ans en 2022", sera "la première à intégrer le système universel" voulu par le gouvernement, a affirmé mercredi Edouard Philippe. Pour les autres "la transition sera très progressive", a-t-il ajouté, assurant que "toute la partie de carrière effectuée jusqu'à 2025 donnera lieu à une retraite calculée sur les anciennes règles" et que "seules les années travaillées à partir de 2025 seront régies par le système universel".

"Pour les fonctionnaires et les agents des régimes spéciaux dont l'âge légal" de départ est de 52 ans, en particulier les conducteurs de la SNCF et de la RATP, la réforme s'appliquera à partir de la génération 1985 a par la suite précisé Matignon. "Ceux qui sont concernés sont ceux qui peuvent commencer à partir à la retraite en 2037. Pour un cheminot qui part à la retraite à 52 ans, c'est donc la génération 1985", a précisé l'entourage du Premier ministre. Cela vaudra également pour les conducteurs de la RATP, ainsi que certains fonctionnaires des "catégories actives" comme les policiers, les surveillants de prison et les contrôleurs aériens. Pour ceux dont l'âge légal est de 57 ans, les premiers à entrer dans le futur "système universel" seront ceux de la génération 1980: pompiers, douaniers, policiers municipaux, agents de maintenance de la RATP et de la SNCF. Leur entrée dans le nouveau se fera en 2025, comme pour tous les actifs qui seront alors "à 17 ans de la retraite", c'est-à-dire ceux de la génération 1975 en règle générale.