Grenelle de l'éducation : la FSU prudente sur la "traduction financière"

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Romain David
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, a lancé un Grenelle de l'éducation pour replacer l'enseignant au cœur de la société. Au micro d'Europe Matin, Benoît Teste, le porte-parole de la FSU, s'inquiète toutefois du manque de moyens alloués, notamment pour revaloriser les salaires.
INTERVIEW

Au lendemain de l'hommage national rendu à Samuel Paty mercredi, a débuté le Grenelle de l'éducation. Ce rendez-vous prévu de longue date prend, dans ce contexte, un autre sens. Protection des enseignants, conditions de travail, avenir de l'enseignement scolaire… Autant de thèmes qui doivent être abordés. "On est évidemment content qu'un débat s'engage sur l'idée qu'il faut reconnaître les enseignants. On l'a toujours porté, mais nous ne sommes pas convaincus de l'articulation entre ce qui va se passer dans le Grenelle en tant que tel, où l’on fait discuter l'ensemble de la société civile, et ce qui va se passer en termes de traduction financière", pointe au micro d’Europe Matin Benoît Teste, le porte-parole de la principale centrale syndicale enseignante, la FSU.

Pour ce responsable syndical, la revalorisation du rôle de l’enseignant doit d’abord passer par le déblocage d’un budget conséquent. "Jean-Michel Blanquer n'a pas employé le mot de 'loi de programmation'. Il s'appuie sur le fait que cette année, au budget 2021, sont inscrits 400 millions d'euros [dédiés à la revalorisation de la rémunération des enseignants, ndlr], mais au regard du nombre de personnels concernés, c’est assez peu", estime Benoît Teste. "Ça ne va permettre de revaloriser que les débuts de carrière à hauteur d’une centaine d'euros par mois."

"Les écoles ne sont pas non plus à feu et à sang"

Concernant la sécurité dans les établissements, Benoist Teste estime que le meurtre de Samuel Paty doit poser la question de la protection à l’intérieur mais aussi aux abords des écoles, sans tomber dans l’excès. "Les réponses sécuritaires ne peuvent pas être l'alpha et l'oméga de ce que l’on fait. La réponse, c'est l'éducation en toutes circonstances. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas renforcer la sécurité, surtout dans un contexte de menaces."

Le porte-parole de la FSU insiste également sur le nécessaire soutien de la hiérarchie fasse aux pressions. "Les témoignages d'enseignants le disent, il y a des tensions, il y a des contestations de la laïcité. Il y a des contestations de certains enseignements", assure-t-il. "Mais il ne s'agit pas non plus de dire que l'école ne parviendrait pas à faire face à ces contestations. Les écoles ne sont pas non plus à feu et à sang et ne nécessitent pas une intervention renforcée des forces de sécurité."