Désormais, certains bateaux doivent rester à quai, faute de possibilité pour aller pêcher. 1:35
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Charles Guyard, édité par Yanis Darras
Les marins du golfe de Gascogne se donnent rendez-vous ce mercredi à Rennes, pour manifester, après la décision du Conseil d'Etat de suspendre la pêche dans la zone, pour protéger les dauphins. Bien plus que cette nouvelle interdiction, les professionnels du secteur réclament une lecture claire de leur avenir.

Dans le golfe de Gascogne, c'est l'hécatombe. En l'espace d'une douzaine de jours, près de 500 dauphins se sont échoués le long de la côte, la plupart empêtrés dans des filets de pêche. Alors, face à l'ampleur de la catastrophe, le Conseil d'Etat vient d'ordonner la fermeture de zones de pêche dans le golfe. 

Une décision qui relance la colère des pêcheurs, déjà inquiets pour la survie du métier et qui ont décidé de manifester aujourd'hui à Rennes. 

Un avenir bien sombre

"A qui va-t-on laisser les clés de la pêche en France", s'inquiète au micro d'Europe 1 Romain Juan. A 31 ans, le professionnel compte bien garder toutes les cartes de la pêche française sur le territoire. Mais problème : de moins en moins de jeunes se lancent dans le métier de pécheur. "Moi je viens de me lancer, j'ai eu zéro euro d'aide de l'Etat", explique-t-il. "Pourquoi on en arrive là ? Quelle est la politique appliquée", se questionne-t-il ?

Quotas restrictifs, carburants trop chers, licences non renouvelées en raison du Brexit et maintenant des zones interdites plusieurs mois aux chalutiers... l'avenir de la pêche tricolore paraît en effet bien sombre. 

"Qu'est-ce qu'on veut maintenant ?", poursuit le pécheur, inquiet de voir les chalutiers étrangers arriver sur les côtes de l'Hexagone, faute de pêcheurs français encore en exercice. "Est-ce qu'on veut une pêche industrielle ou bien, veut-on rester sur une pêche artisanale, responsable et locale ? Nous ce que l'on veut, c'est surtout qu'on nous aide et qu'on nous dise où on veut aller", ajoute Romain. 

Dépendance des emplois terrestres

Cette absence de cap, ils devraient être plus de 2.000 à venir la déplorer dans les rues de Rennes ce mercredi. Et pas seulement des marins d'ailleurs, car c'est toute une filière qui est menacée, comme Eric, qui s'affaire sur un bateau au port de la Turballe, en Loire-Atlantique. Il est électricien naval. 

"On vit grâce à la maintenance du matériel neuf. En réalité, c'est tout un tas de choses qui, tout au long de l'année, nous font travailler. Mais rien ne remplacera cela", estime l'électricien. De fait, l'équation est simple un marin qui jette l'ancre, ce sont en moyenne sept emplois détruits à terre.