Gilets jaunes : le procureur de Paris assure que des policiers seront jugés pour des violences lors des manifestations

174 enquêtes ont été ouvertes pour des violences impliquant les forces de l'ordre lors de manifestations de "gilets jaunes". Photo d'illustration.
174 enquêtes ont été ouvertes pour des violences impliquant les forces de l'ordre lors de manifestations de "gilets jaunes". Photo d'illustration. © Jean-François MONIER / AFP
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avec AFP , modifié à
Le procureur de Paris Rémy Heitz assure que des policiers mis en cause pour des violences lors de manifestations de "gilets jaunes" seront renvoyés devant le tribunal correctionnel "d'ici la fin de l'année".

Le procureur de Paris Rémy Heitz assure dans une interview au Parisien que des policiers mis en cause pour des violences lors de manifestations de "gilets jaunes" seront renvoyés devant le tribunal correctionnel "d'ici la fin de l'année". Le procureur est revenu sur les six mois de mobilisation des "gilets jaunes" marqués par de vives critiques contre son parquet, tant pour sa gestion des gardes à vue des manifestants que pour sa frilosité supposée à poursuivre des membres des forces de l'ordre impliqués dans des violences.  "Je veux être très clair : il n'y a aucune volonté de ma part d'éluder ces violences ou de les minimiser", a-t-il tranché, dans cet entretien paru jeudi.

Huit informations judiciaires ouvertes 

Selon son bilan, 171 enquêtes ont été confiées à l'inspection générale de la police nationale (IGPN) et trois à l'inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Les investigations sont désormais clôturées pour 57 d'entre elles et le parquet doit décider d'éventuelles suites judiciaires. Huit d'entre elles ont d'ores et déjà "justifié l'ouverture d'une information judiciaire", confiées à des juges d'instruction, a-t-il annoncé. Ces procédures concernent des faits délictuels mais aussi criminels, selon une source judiciaire à l'AFP. 

Le procureur a notamment évoqué les faits liés au "gilet jaune" Jérôme Rodrigues, qui a perdu un œil le 26 mars, ou encore ceux commis dans un restaurant Burger King le 1er décembre. "Plusieurs dossiers ont trait à l'usage de lanceurs de balle de défense (LBD)", a-t-il détaillé, ajoutant qu'à l'heure actuelle "aucun policier ou gendarme n'a été mis en examen". Quant aux autres dossiers sous l'autorité du parquet, le successeur de François Molins assure qu'ils seront analysés "avec beaucoup d'attention". "Il y aura des classements sans suite" et "aussi des renvois de policiers devant le tribunal correctionnel d'ici la fin de l'année". 

Près de 3.000 gardes à vue 

Côté manifestants, depuis le début du mouvement le 17 novembre, le procureur a recensé 2.907 gardes à vue. Elles ont abouti à des classements sans suite dans 44,8 % des cas tandis que 1.357 personnes ont été déférées, dont 515 jugées en comparution immédiate. Les enquêtes se poursuivent pour 30 dossiers. "Il s'agit des cas les plus graves et complexes : les agressions de forces de l'ordre, les pillages d'enseignes de luxe ou le saccage de l'Arc de Triomphe..." 

Interrogé sur sa circulaire controversée appelant à ne lever les gardes à vue qu'après les manifestations, le procureur a confié avoir "mal vécu cette mise en cause". "Il n'a jamais été question de maintenir en garde à vue quelqu'un en l'absence d'infraction", a-t-il insisté.