"Les professeurs nous disent que ce n'est qu'une épreuve comme un contrôle normal. Nous, on se dit quand même que c'est le bac." Ce vendredi soir, Alexia partira en vacances pour les fêtes. Mais pour cette élève en classe de Première au lycée, il va être difficile de se détendre et d'en profiter. Dès la rentrée, elle devra essuyer les plâtres de la nouvelle formule du baccalauréat, liée à la réforme du lycée. Avec des épreuves en continue dès le 20 janvier.
Avant, le baccalauréat était un rite de passage stressant, certes, mais qui avait le mérite de ne pas durer trop longtemps. Avec la nouvelle formule, tout change : en histoire-géographie, en langues vivantes et en mathématiques, les épreuves vont s'étaler sur deux ans à partir de la fin janvier. Sans compter que les sujets seront différents pour chaque lycée. Un grand saut dans l'inconnu qui angoisse (presque) autant les parents que les élèves.
"Les professeurs sont eux-mêmes perdus"
"Il y a, en plus, le flou de l'organisation, des professeurs qui sont eux-mêmes un peu perdus parce qu'ils ne savent pas exactement comment vont se dérouler les épreuves", témoigne la mère d'Alexia. "La proviseure du lycée nous a dit il y a très peu de temps les dates auxquelles auraient lieu ces épreuves. Ces inconnues ajoutent au stress. Les enfants n'en ont pas besoin."
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Ce que disent les élèves, mais aussi des professeurs, c'est également que les sujets sont trop difficiles. Europe 1 y a eu accès et vous en révèle la teneur, un peu modifiée bien sûr car ce n'est pas autorisé. On demande, par exemple, en histoire-géographie, d'analyser le lien entre l'Église et la Nation en France depuis 1789. Ce qui semble plus du niveau études supérieures que du lycée.
Inquiétudes autour de la dématérialisation des copies
Les inquiétudes portent enfin sur la façon de corriger, elle aussi revue. Il est prévu de dématérialiser les copies. Chacune sera scannée pour être corrigée en ligne, ce qui est censé faciliter le travail des correcteurs. Mais avec 2,5 millions de copie... le risque de voir le serveur informatique buguer n'est pas négligeable, estiment des proches du ministre de l'Éducation. Jean-Michel Blanquer en a d'ailleurs conscience. Selon nos informations, il va faire parvenir une lettre aux proviseurs, leur disant qu'il est prêt à envisager un plan B. Soit un retour à la correction à l'ancienne, sur les copies papier. Ce qui serait un recul majeur.
Par ailleurs, les professeurs n'ont pas dit leurs derniers mots. Dans certaines académies, ils menacent d'empêcher la tenue des épreuves. Et pourraient reproduire ce qu'ils avaient fait en juin dernier pour le bac ancienne formule : une grève de la surveillance ou une rétention des sujets. Europe 1 a pu avoir accès à plusieurs lettres de professeurs envoyées au rectorat à Montauban, à Rouen, ou encore à Brest... Les équipes déclarent être, à ce jour, dans l'impossibilité d'organiser les épreuves.