Fessenheim : le réacteur n°1 définitivement débranché du réseau électrique national

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Le second réacteur de la centrale sera arrêté le 30 juin. © SEBASTIEN BOZON / AFP
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avec AFP
Le premier des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus ancienne de France, a été débranché samedi vers 2 heures du matin, non sans émotion, et malgré la menace de certains salariés de s'opposer à la procédure. Le second réacteur doit être mis à l'arrêt le 30 juin.

Le premier des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim a été débranché du réseau électrique national sans aucun problème samedi à 2 heures, mais pas sans amertume pour les salariés et les habitants de la petite commune haut-rhinoise. "Le réacteur a été débranché vers 2 heures du matin et il faut saluer le travail remarquable des équipes, ça a été un moment très fort en émotion dans la salle de commande", a-t-on précisé du côté d'EDF. "La procédure s'est déroulée sans aucun problème".

Opposés à la fermeture de ce premier réacteur, avant l'arrêt du second le 30 juin, des salariés menaçaient de désobéir et de ne pas appliquer les procédures permettant le découplage du réacteur. Mais tout s'est finalement déroulé sans anicroches pour ce processus qui s'apparentait à un arrêt de maintenance. Sauf que cette fois le réacteur ne sera pas relancé, au grand dam des salariés.

"Quelque chose de très difficile à vivre"

"Elle commence à avoir du mal à respirer. Elle se meurt lentement", avait tweeté la section CGT de la centrale vendredi vers 21 heures, avec la photo d'un tableau montrant les productions en temps réel des deux réacteurs. Le premier en train de ralentir, descendu à 422 mégawatts, une demi-heure après le début de la baisse de charge, le second fonctionnant toujours à plein, à 913 mégawatts. Chacun des deux réacteurs à eau pressurisée d'une puissance théorique de 900 mégawatts pouvait fournir l'électricité de 400.000 foyers.

Lorsqu'il est arrivé à 8% de sa puissance théorique, le réacteur n°1 a été débranché du réseau électrique national. "Pour l'ensemble du personnel de quart, cette nuit d'arrêt du réacteur n°1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre", avait expliqué en amont un syndicaliste. "Il y a une atmosphère très lourde à la centrale, les salariés ont les nerfs à fleur de peau", avait également souligné vendredi le maire de Fessenheim, Claude Brender. Ils éprouvent "un sentiment de révolte (...) l'impression d'un gâchis".

 

Un démantèlement de vingt ans

L'opération d'arrêt du réacteur met un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, bâtie dans les années 1970 tout près de la frontière avec l'Allemagne. L'évacuation du combustible de la centrale sera, selon le calendrier prévu, achevée en 2023. Ensuite doit se poursuivre la phase de préparation au démantèlement, processus inédit en France à l'échelle d'une centrale entière qui devrait commencer à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.