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Marion Dubreuil, édité par Margaux Lannuzel
Les premiers éléments de l'enquête sur le féminicide survenu mercredi à Mérignac, en Gironde, font état de dysfonctionnements dans le suivi de l'ex-compagnon de la victime, déjà condamné pour violences et qui avait enfreint les règles de son sursis probatoire. 

L'émotion est vive, au lendemain du féminicide survenu à Mérignac, en Gironde, où une femme a été brûlée vive par son ancien compagnon, qui lui avait auparavant tiré dans les jambes avec une arme à feu. Les premiers éléments de l'enquête, qui confirment que la mère de famille était vivante au moment où elle a été aspergée d'essence, ajoutent à l'horreur des faits. Mais ils laissent aussi apparaître des défaillances dans le suivi du suspect et posent une question : le drame aurait-il pu être évité ? 

Une agression dans une supérette au mois de mars

L'ex-compagnon de la victime, déjà condamné pour violences conjugales, était en effet convaincu que la jeune femme avait un amant et voulait la punir. Alors qu'il avait interdiction de l'approcher, il l'avait déjà agressée le 15 mars dernier, dans une supérette près de chez elle.

Terrorisée, la trentenaire avait immédiatement déposé plainte contre lui. Une enquête avait bien été ouverte, mais, premier dysfonctionnement : le policier n'avait pas retrouvé le suspect à l'adresse indiquée à sa sortie de détention.

Deux enquêtes administratives diligentées par le gouvernement

Alors qu'il était donc recherché par la police, le suspect a ensuite honoré deux rendez vous avec son conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation. "Il s'est présenté aux convocations et a justifié du respect des obligations de travail de soins", a expliqué la procureure de Bordeaux, Frédérique Porterie. "En l'état, (…) de ses seules déclarations, il a reconnu être entré en contact à plusieurs reprises avec la victime, et ce, en totale contradiction avec les interdictions qui lui avaient été notifiées." 

Deuxième défaillance : le suspect lui même avait donc confié à son conseiller pénitentiaire qu'il avait enfreint une mesure de son sursis probatoire, ce qui est normalement suffisant pour le renvoyer en prison. Pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas ? S'agit-il d'une décision prise en accord avec le juge d'application des peines ? C'est ce que les deux enquêtes administratives diligentées par le gouvernement devront déterminer.