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Stéphane Burgatt (correspondant à Nîmes) // Crédit photo : Fiora Garenzi / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
École maternelle, primaire et collège se retrouvent au milieu de tous les trafics et de toutes les fusillades dans le quartier de Chemin-Bas-d'Avignon, à Nîmes. Ce mercredi après-midi, les directeurs d'établissement étaient reçus à la préfecture, tandis qu'à l'extérieur étaient rassemblés des enseignants et des parents d'élèves.

La sécurité est loin d'être gagné dans le quartier de Chemin-Bas-d'Avignon à Nîmes. De nombreuses mères craignent tellement pour la sécurité de leurs enfants qu'elles continuent pour beaucoup de les garder à la maison. Le 8 février dernier, des échanges de coups de feu entre trafiquants ont éclaté à côté de l'école maternelle Georges Bruguier, provoquant la stupeur et l'effroi des enseignants et parents d'élèves. Depuis, l'école tourne au ralenti.

"J'ai peur qu'il y arrive un drame ou pire : une balle perdue. On a peur de tout ça. On n'est plus en sécurité. Ça tire juste en face de l'école. Mais j'ai entendu les tirs à la maison aussi. C'est une panique à bord pour récupérer nos enfants. Ça ne va plus, ça ne va plus", se désole cette mère de famille.

Cela fait bientôt deux semaines que Johanna refuse que sa fille reprenne les cours. Une bataille perdue face aux dealers et selon elle, l'école n'a plus sa place dans le quartier. "Le premier souci des parents, c'est la délocalisation. On aimerait bien parce qu'avec des tirs en face d'une école primaire, on est sous le choc. Il y a aussi le choc d'entendre les guetteurs crier, de voir les courses poursuites. On est dans la crainte absolue", s'inquiète-t-elle.

Ce mercredi après-midi, les directeurs de l'école Georges-Bruguier, situé au cœur des fusillades, étaient reçus à la préfecture de Nîmes. À l'extérieur des enseignants, des représentants des syndicats, quelques parents d'élèves étaient rassemblés pour montrer leur colère.

"Je ne sais pas si je serai encore en état de revenir lundi prochain"

Et cette insécurité dure depuis bientôt deux semaines. La majorité des enseignants de l'établissement sont toujours en arrêt, à l'image de Nathalie qui ne sait pas si elle aura le courage et la force de reprendre la semaine prochaine.

"Je ne sais pas si je serai encore en état de revenir lundi prochain. Je n'en sais rien. Je vois ma psy demain. Et d'en parler, je peux vous dire que ce n'est pas facile. Ce qui rajoute au choc, c'est la lenteur de la réponse apportée. De tirer la sonnette d'alarme depuis quelques années, j'ai l'impression que ce n'est pas vraiment pris en compte", raconte, désarçonnée, cette professeure.

Elle demande que des moyens de police conséquents soient mis en place pour remettre l'école et le quartier en sécurité. "Ce que je veux, c'est une présence dissuasive. Je préfère avoir des gens armés, formés, qui sont là pour nous protéger en face plutôt que de voir surgir à tout moment des dealers armés qui font n'importe quoi", explique Nathalie. "On a le choix entre une présence armée policière ou une présence armée de délinquants." 

La préfecture promet de maintenir le dispositif de sécurité actuel. La mairie a déjà, de son côté, rehaussé les grilles de l'école afin de lutter contre les intrusions et l'entrée de l'établissement. Cette dernière doit être aussi déplacée prochainement pour ne plus faire face aux points de deal.