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Thibaud Hue / Crédit photo : Zakaria ABDELKAFI / AFP , modifié à
Chaque jour, Europe 1 se penche sur une idée ou un problème du quotidien. Plus de cinq jours d'émeutes qui laissent une facture provisoire déjà bien salée et des dégâts estimés par Geoffroy Roux de Bézieux, dirigeant du Medef, à 1 milliard d'euros. L'État va devoir mettre la main au portefeuille, autrement dit, les contribuables. Ce qui attise la colère des riverains comme à Nanterre.

Alors que les tensions retombent partout en France après une longue série d'émeutes, la question de la réparation se pose. Pour de nombreux riverains, choqués par la violence, au pas de leur porte, il est impensable que l'argent du contribuable soit sollicité pour les très nombreuses dégradations. Particulièrement à Nanterre, foyer des premières contestations où Nahel a perdu la vie sous les balles d'un policier.

Sur le trottoir, les éclats de verre de la vitre d'un arrêt de bus, un peu plus loin une poubelle calcinée. Les stigmates des émeutes, toujours visibles à Nanterre, amènent la consternation des habitants. Isabelle habite à côté de la mairie, elle refuse de réparer les dégâts avec ses impôts.

"C'est dégueulasse"

Et la riveraine reste ferme sur sa décision. "On a subi, on a été pris en otage, on n'a pas à réparer ce qui a été endommagé par les autres. Je préfère mettre mon argent dans les vacances parce que ça au moins, c'est l'argent de mon labeur. On parle toujours de justice, mais là, c'est vrai que ce n'est pas juste", explique en colère Isabelle. 

Olga vit avec ses trois enfants en bas-âges dans le centre-ville de Nanterre. Elle demande que l'État finance les reconstructions. "C'est dégueulasse parce que normalement, ce n'est pas à nous de payer les pots cassés. Ce sont toujours les mêmes qui payent ! Personnellement, j'aurais coupé les allocations familiales et je l'aurais fait participer aux impôts. Comme ils ne payent pas. Ils ne sont pas punis, ils n'ont rien d'autre", témoigne-t-elle avec aplomb. 

Ludovic, lui, est plus pragmatique. "Ça peut être plus les impôts qui vont payer ça, ça me semble tout à fait normal, même si ce n'est pas moi qui aie manifesté qui est cassé", livre le riverain. Même s'il ne cautionne pas non plus les dégradations. Un parfum d'injustice règne sur Nanterre, mais surtout la crainte que les violences reprennent de plus bel.