Etat, école, sport : un rapport sénatorial s'alarme de la "radicalisation islamiste"

Islam musulmans AFP
Des sénateurs s'alarment de la "radicalisation islamiste". © AFP
  • Copié
avec AFP
Un rapport sénatorial, publié jeudi, alerte sur la "radicalisation islamiste", qu'il juge de plus en plus menaçante. Pour tenter de la juguler, les sénateurs ont proposé une quarantaine de mesures, comme l'interdiction des prédicateurs séparatistes et une meilleure surveillances des écoles et associations.

Interdire des prédicateurs et discours séparatistes, mieux surveiller certaines écoles, associations ou clubs et sensibiliser les élus et éducateurs : un rapport sénatorial publié jeudi propose une quarantaine de mesures pour juguler une "radicalisation islamiste" qu'il juge de plus en plus menaçante. "La radicalisation islamiste" est "une réalité" aujourd'hui dans un nombre croissant de quartiers, souligne ce texte, fruit de près de 70 entretiens menés par des sénateurs.

Les "tenants de l'islamisme tentent aujourd'hui de prendre le contrôle de l'islam en France" pour "instaurer le 'califat', c'est-à-dire le règne de Dieu sur terre", et nourrissent dans certaines villes un "séparatisme" dangereux, souligne le rapport, sans toutefois détailler ou quantifier ces agissements.

"Il faut agir vite" 

Selon la rapporteure du texte, la sénatrice LR du Val-d'Oise Jacqueline Eustache-Brinio, "il faut agir vite" car "aujourd'hui en France, à part l'ouest, toutes les régions sont touchées". "Sinon, prédit-elle, dans quelques années, des quartiers, des pans entiers de territoires vont sortir de la République".

En février, Emmanuel Macron avait lui aussi mis en garde contre le "séparatisme islamiste", et annoncé des mesures contre les "influences étrangères" sur l'islam en France (financement des mosquées, imams). Outre les djihadistes, principaux acteurs de la vague d'attentats qui a fait plus de 250 morts en France depuis 2015, la commission éreinte également des mouvements rigoristes qui se disent non violents, notamment les salafistes (près de 40.000 estimés en France) ou les Frères musulmans (50.000), en précisant qu'ils n'ont pas souhaité témoigner devant elle.

Les salafistes et les Frères musulmans visés 

Elle vise particulièrement le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) ou les Musulmans de France (ex-UOIF), réputés "proches des Frères musulmans". Une accusation récusée par la direction du CCIF, qui affirme n'avoir "aucun lien" avec ces derniers ou "l'islam politique", et assure ne travailler qu'à "recenser les violences et les discriminations que vivent les musulmans dans notre pays".

L'interdiction de territoire aux idéologues cadres des Frères musulmans est l'une des 44 mesures préconisées par le rapport pour lutter contre la radicalisation islamiste au sein de l'Etat, des associations, des écoles et dans le sport. La commission, "très réservée" sur les tentatives de l'Etat d'organiser l'islam de France, prône le rétablissement de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Elle plaide également pour une meilleure détection des comportements ou discours "déviants", en dopant le renseignement territorial et la police des cultes, et une meilleure formation des élus et fonctionnaires locaux.