Enquête sur les pratiques de la lutte anti-stups : deux magistrates placées en garde à vue

Deux magistrates ont été placées en garde à vue mardi.
Deux magistrates ont été placées en garde à vue mardi. © PHILIPPE MERLE / AFP
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avec AFP , modifié à
Deux magistrates ont été placées en garde à vue mardi à Paris, entendues sur les conditions dans lesquelles un indicateur a été extrait de prison en 2012, pour être conduit dans un hôtel, à une vraie-fausse garde à vue. 

Deux magistrates ont été placées en garde à vue mardi à Paris par l'inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d'une enquête instruite à Lyon sur les pratiques controversées de la lutte anti-stupéfiants sous le commissaire François Thierry, a appris l'AFP de sources proches du dossier. L'une d'entre elles, Karine Roussy-Sabourin, ancienne procureure à la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris, est sortie de garde à vue en fin de journée. La seconde, Véronique Degermann, actuellement procureure adjointe au parquet de Paris, était toujours entendue mercredi midi, selon les informations d'Europe 1.

Les pratiques des anti-stups en question. Selon Le Parisien qui a révélé l'information, les juges lyonnais en charge de l'enquête veulent comprendre les conditions dans lesquelles un indicateur, Sophiane Hambli, avait été temporairement extrait de prison, en avril 2012, pour être conduit dans un hôtel, dans le cadre d'une vraie-fausse garde à vue. L'information judiciaire lyonnaise est l'une des trois enquêtes qui s'intéressent aux méthodes de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) et à la gestion des indics sous la direction de son ancien patron, le commissaire François Thierry.

François Thierry en garde à vue. Toujours dans le cadre de cette enquête lyonnaise, François Thierry a été placé en garde à vue lundi, à Paris, avec un autre homme, pour infraction à la législation sur les stupéfiants, association de malfaiteurs et faux en écriture, selon une source proche de l'enquête.

Le volet principal des affaires impliquant l'ex-numéro 1 de l'Ocrtis a été dépaysé lui, de Paris à Bordeaux. Il avait été mis en examen le 24 août 2017 dans le retentissant dossier de la saisie record, le 17 octobre 2015, de sept tonnes de cannabis à Paris. La justice avait découvert que la drogue était arrivée en France dans le cadre d'une livraison surveillée opérée par l'Ocrtis avec l'aide d'un informateur important de "l'office", considéré comme un trafiquant de drogue de haut vol. La drogue cachée dans des camionnettes avait été découverte au pied du luxueux appartement de cet "indic", boulevard Exelmans, dans le 16ème arrondissement de Paris. Dans cette affaire, François Thierry est notamment soupçonné d'avoir favorisé l'importation de drogue en France sans avoir informé totalement l'autorité judiciaire des modalités de l'opération, ni du rôle-clé de cet informateur qu'il gérait en direct. Il affirme au contraire que les magistrats, notamment ceux du parquet de Paris, étaient au courant des méthodes d'infiltration de l'Ocrtis.