L'attaque du Bataclan le soir du 13 novembre 2015 a été la plus meurtrière, avec 90 victimes et des dizaines de blessés graves. 2:21
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Jihane Bergaoui, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Quatre ans après les attentats du 13 novembre, certains rescapés ou proches des victimes ont réussi à retrouver une "vie normale". Un véritable combat qui passe souvent par un changement de vie professionnelle.
ENQUÊTE

C’était il y a quatre ans, jour pour jour, les commandos du 13-Novembre ont plongé Paris dans le sang. 130 personnes ont perdu la vie dans plusieurs attaques, notamment au Bataclan, un véritable traumatisme pour le pays, mais surtout pour les victimes. Plus de 1.400 jours se sont écoulés, et pourtant, il est toujours aussi difficile de retrouver une "vie normale". Un véritable combat pour redonner du sens à sa vie, qui passe souvent par un changement de métier. 

"On se rend compte au fur et à mesure que l'on y est resté en fait"

C'est le constat unanime de tous les organismes qui suivent ces quelque 2.500 personnes au quotidien : que ce soit l'Office National des anciens combattants, Pole Emploi ou encore le fonds de garantie des victimes du Terrorisme. Quand on arrive à les guider vers une réorientation professionnelle, les résultats sont souvent prometteurs. Rescapés ou proches des victimes, quatre ans après, certains sont encore blessés physiquement ou psychiquement, et ne retravaillent toujours pas. D'autres ont été freiné par le décalage avec les anciens collègues : impossible de prendre les transports en commun ou d'accepter la pression en entreprise. 

"J'avais un bon poste, j'aimais bien mon boulot, tout s'est effondré.", résume au micro d'Europe 1 Caroline Jolivet, 40 ans, cadre dans le digital qui a perdu son mari, le père de ses deux enfants, au Bataclan. "On se rend compte au fur et à mesure que l'on y est resté en fait, qu'il faut tout reconstruire. Je suis revenue au travail trois mois après en pensant que cela allait me faire une bulle, mais c'était impossible. On ne sait pas ce qu'on fait là", explique-t-elle. Comme beaucoup d'autres, Caroline quitte son travail, et fait la rencontre de la sophrologie.

"Je ne vois pas d'autre sens à continuer cette vie-là sans ça"

 

Ça "a été la première fois ou d'un coup, j'ai ressenti ma respiration", se souvient-elle. "La première fois où je ressentais un petit peu d'apaisement. J'ai donc fait une formation [de sophrologue et maintenant j'ai l'impression d'avoir acquis ou développer des connaissances qui me permettent aujourd'hui d'aider. Et je ne vois pas d'autre sens à continuer cette vie-là, sans ça", analyse-t-elle. 

Sophrologues, ergothérapeutes, brancardiers, documentaristes...Si beaucoup ont changé de voie professionnelle, il est difficile de savoir combien ont réellement franchi le pas, la CNIL refusant tout statistique sur le sujet. Néanmoins, les rescapés ou les proches des victimes admettent leur difficulté pour expliquer devant un recruteur le trou qui est sur leur CV depuis le 13-Novembre. Beaucoup se sont donc isolés, optant pour l'auto-entrepreneuriat, travaillant depuis leur domicile, quitte à avoir une situation plus précaire qu'avant. 

 

Mais des aides existent, l'Office National des anciens combattants a par exemple aidé 13 victimes l'année dernière, avec une enveloppe de 30.000 euros pour des formations. De son côté, Pôle emploi propose depuis deux ans maintenant un accompagnement personnalisé avec conseiller référent, et bilan de compétence. Et dernier exemple en date, le Fonds de Garantie a mis en place une expérimentation pour les personnes les plus atteintes physiquement ou psychiquement. Actuellement 10 victimes bénéficient de ce dispositif qui prévoit un coach spécialisé qui reste auprès d'elles le temps nécessaire, pour les rapprocher de l'emploi.