Le projet de loi visant à étendre le délai de l'IVG est bloqué dans la procédure parlementaire. 1:39
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Virginie Riva , modifié à
À l'occasion de la journée mondiale du droit à l'avortement, mardi, retour sur le projet de loi visant à allonger le délai d'IVG de 12 à 14 semaines. Celui-ci est actuellement perdu dans les limbes de la procédure parlementaire, au grand dam des associations. Mais même la majorité est divisée sur le sujet.

C’est une demande de longue date pour des associations comme le Planning familial : allonger les délais d'interruption volontaire de grossesse. Ce week-end, les associations pro-IVG étaient d'ailleurs dans la rue pour le réclamer. Il faut dire qu'une loi, approuvée en première lecture par l'Assemblée nationale, proposait d'étendre ce délai de 12 à 14 semaines. Rejetée par le Sénat, majoritairement Républicain, revenue à l'Assemblée où Les Républicains ont fait obstruction, elle n'a pu être étudiée... et se trouve aujourd'hui dans les limbes de la procédure parlementaire.

Donner aux femmes le temps de s'informer et prendre leur décision

Pour ses défenseurs, le texte permettrait de donner aux femmes le temps de s'informer sur leurs droits et de prendre leur décision. "Aujourd'hui, les délais sont trop courts et 3.000 à 5.000 femmes partent chaque année à l'étranger pour avorter", explique Albane Gaillot, députée ex-LREM qui a porté cette proposition de loi. "D'autres pays, comme l'Espagne, sont à 14 semaines. En Suède c'est 18 semaines."

Selon elle, les femmes forcées d'aller à l'étranger "ne sont pas forcément les plus précaires" car "ce n'est pas une question de coût, mais aussi d'informations". "On parle des femmes les plus jeunes ou de celles victimes de violences conjugales", pointe la députée.

Sujet sensible au sein de la majorité

Le Comité consultatif d’éthique a même donné son feu vert. Mais pour le Collège national des gynécologues et obstétriciens de France, ce n'est pas la solution. Son secrétaire général, Geoffroy Robin, invoque "un foetus plus gros", "donc c'est plus difficile avec, théoriquement, plus de risques de complication lors de l'intervention". "Mais ce n'est pas forcément ça le principal problème", reconnaît-il. "Pour nous, en France, il faudrait pouvoir faciliter l'accès à des plateaux techniques qui réalisent l'IVG le plus tôt possible."

Geoffroy Robin rappelle également que l'IVG pour raisons psycho-sociales est possible jusqu’à la fin de la grossesse. Alors que c'est mardi la journée internationale du droit à l'avortement, le ministre de la Santé, Olivier Véran, devrait être questionné sur le sujet lors des Questions au gouvernement à l'Assemblée. L'extension du délai de l'IVG reste un sujet sensible au sein de la majorité, Emmanuel Macron n'y étant pas favorable, tandis que Christophe Castaner, patron des députés LREM, s'est engagé pour.