"Gilets jaunes" : ce qu'il faut retenir du 23ème samedi de mobilisation

Des incidents ont éclaté sur la place de la République, samedi après-midi, à Paris.
Des incidents ont éclaté sur la place de la République, samedi après-midi, à Paris. © ZAKARIA ABDELKAFI / AFP
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avec le service Police-Justice et AFP , modifié à
Les "gilets jaunes" s'étaient donné rendez-vous pour leur 23ème journée de mobilisation à Paris, où ont éclaté quelques incidents près de la place de la République, mais loin des violences redoutées par les autorités. 

Après plus de cinq mois de mobilisation, les "gilets jaunes" étaient de nouveau dans la rue samedi. Cet "acte 23" a été marqué par des incidents dans la capitale, où le rendez-vous avait été fixé. Alors que les autorités redoutaient de grandes violences et de la casse, les moyens policiers mis en place ont sans doute dissuadé les manifestants les plus virulents de passer à l’acte.

Les informations à retenir :

  • 27.900 manifestants ont été recensés partout en France pour "l'acte 23", dont 9.000 à Paris 
  • Le principal cortège parisien s'est terminé place de la République, où des incidents ont éclaté 
  • 227 personnes ont été interpellées dans la capitale, dont 178 ont été placées en garde à vue 

Incidents et dégâts à Paris

Plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées dans la matinée sous un grand soleil, à Bercy, avant de s'élancer vers midi en direction de la place de la République. D'autres manifestants se sont retrouvés vers la gare du Nord pour se rendre près de la basilique Saint-Denis, dans le 93. Ce second cortège s’est déroulé sans incident.

En revanche, des échauffourées ont émaillé le cortège de la manifestation principale, notamment dans le 11ème arrondissement. Arrivés sur la place de la République, les manifestants y ont été contenus plusieurs heures jusqu'en fin d'après-midi, et un face-à-face tendu a opposé un groupe d’une centaine de personnes avec des forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et ont procédé à plusieurs charges, sous le regard passif de "gilets jaunes" en retrait de ces violences.

Au milieu de scooters et de poubelles incendiés, des manifestants ont jeté bouteilles et autres projectiles en direction des forces de l'ordre. Certains criaient "Suicidez-vous, suicidez-vous", alors que la police nationale est touchée par une vague de suicides sans précédent depuis le début de l'année. D'après le ministère de l'Intérieur, quatorze membres des forces de l'ordre ont été blessés samedi. Des vols ont également été constatés, notamment dans un magasin GoSport et un Franprix du quartier.

227 interpellations, 178 gardes à vue

Si les autorités s’attendaient au pire, les moyens policiers mis en place ont peut-être dissuadé un certain nombre de casseurs de passer à l'acte, et les violences sont restées malgré tout assez contenues. 60.000 gendarmes et policiers avaient été déployés sur tout le territoire, dont 6.700 dans la capitale. "Malgré la volonté de certains manifestants de casser à nouveau (...), le travail des forces de l'ordre et leur professionnalisme ont permis de protéger les biens et les personnes", a salué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner dans un communiqué. Une vision toutefois contestée par la mairie de Paris, dont le premier adjoint Emmanuel Grégoire a dénoncé des dégâts "très importants".

À Paris, la police a procédé à 227 interpellations, dont 178 ont conduit à une garde à vue (dont six concernaient des mineurs), selon le parquet de Paris. Plus de 20.000 contrôles préventifs ont par ailleurs été réalisés dans la capitale - les autorités s’appuyant sur la nouvelle loi anti-casseurs -, et certains se sont révélés fructueux. Six "black blocs" ont été ainsi interpellés par la BAC alors qu'ils étaient en possession de de cocktails Molotov, de pétards, ou encore de fusées d’artifice, rangés dans un sac de pompiers, a appris Europe 1. 

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Pour cet "acte 23", des défilés ont également eu lieu dans plusieurs villes en régions, et se sont tous déroulés sans incident notable. A Bordeaux, place forte du mouvement, quelque 1.500 "gilets jaunes" ont défilé dans le calme, canalisés par les forces de police très mobiles qui bloquaient les accès à l'hypercentre et ont procédé à 11 interpellations. A Toulouse, des milliers de personnes ont marché dans le centre de la ville, théâtre en fin d'après-midi d'échauffourées. Peu après 19h, la préfecture de Haute-Garonne dénombrait deux blessés "en urgence relative". 17 personnes ont par ailleurs été interpellées.

D'après les informations d'Europe 1, certains militants les plus extrêmes, notamment parmi les "black blocs", se réserveraient pour "frapper" un grand coup lors des manifestations du 1er-Mai.

Une mobilisation en baisse

Selon le ministère de l'Intérieur, environ 27.900 personnes ont manifesté samedi partout en France, dont 9.000 à Paris, des chiffres en baisse par rapport à la semaine dernière. Lors de "l'acte 22", 31.100 manifestants avaient été recensés, dont 5.000 à Paris. Cet "acte 23" est la 2ème journée de mobilisation la plus faible depuis le début du mouvement, alors que seules quatre villes ont rassemblé plus de 1.000 manifestants : Paris, Montpellier, Bordeaux et Toulouse. Selon leurs estimations, les "gilets jaunes" ont comptabilisé pour leur part plus de 100.000 manifestants dans l'Hexagone.

Cet "acte 23" intervient à l’issue d’une semaine marquée par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, qui a poussé le chef de l'État à reporter l’annonce de ses mesures pour mettre fin à la crise des "gilets jaunes". Emmanuel Macron a indiqué qu’il s’exprimerait jeudi prochain. La fuite dans la presse cette semaine des annonces qu’il devait faire initialement lundi soir n’a pas réussi à calmer la grogne sociale. Et l’afflux massif de dons très importants de la part de milliardaires pour aider à la reconstruction de Notre-Dame, a au contraire accentué pour beaucoup le sentiment d’injustice sociale dans le pays.