L'ESSENTIEL - "Acte 15" : 46.600 "gilets jaunes" en France samedi dont 5.800 à Paris, selon l'Intérieur

Les "gilets jaunes" sont de nouveau dans la rue samedi.
Les "gilets jaunes" sont de nouveau dans la rue samedi. © Zakaria ABDELKAFI / AFP
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Les "gilets jaunes" manifestent à Paris et en région samedi, alors que la mobilisation s'est essoufflée ces dernières semaines.

Regain de mobilisation ou nouvelle baisse ? Les "gilets jaunes" manifestent samedi pour "l'acte 15", alors que le mouvement s'est essoufflé ces dernières semaines. Malgré une moindre mobilisation, des rassemblements sont prévus à Paris, sur les Champs-Élysées, et en région. Plusieurs milliers de forces de l'ordre sont déployées pour prévenir d'éventuels heurts. Suivez l'"acte 15" en direct sur Europe1.fr.

Les infos à retenir : 

>> Plus d'un millier de "gilets jaunes" ont déjeuné sur la pelouse du château de Chambord

>> Le ministère de l'Intérieur a recensé 46.600 manifestants dans toute la France, dont 5.800 à Paris. 

>> En région, des heurts ont éclaté à Clermont-Ferrand et à Rennes. 

Un rassemblement dans le calme à Paris, quelques heurts au Trocadéro. A Paris, plusieurs milliers de manifestants ont commencé à défiler dans le calme en début d'après-midi sur les Champs-Elysées. Cette "marche dans les beaux quartiers", qui regroupe deux défilés déclarés en préfecture, devait traverser le quartier de l'Opéra, contourner le musée du Louvre et faire une pause devant le siège du Medef avant de rallier l'esplanade du Trocadéro pour une dispersion à partir de 17h.

A l'issue d'un défilé sans incident majeur, le cortège estdonc  arrivé au Trocadéro, où quelques bombes lacrymogènes ont été tirées par les forces de l'ordre pour disperser la foule. Vers 18 heures, plusieurs centaines de "gilets jaunes" étaient encore présents sur l'esplanade, avant que cette dernière ne se vide définitivement vers 19 heures. Selon la préfecture de police, 14 personnes ont été interpellées dans la capitale. 

Sur son site, la RATP avait annoncé la fermeture de plusieurs stations : Tuileries, Concorde, Champs Elysées Clemenceau, Franklin D. Roosevelt, Miromesnil, et Varenne. 

Le ministère de l'Intérieur a recensé 46.600 manifestants en France, dont 5.800 à Paris. Selon les chiffres officiels, régulièrement contestés par les "gilets jaunes", la mobilisation pour "l'acte 15" est donc en hausse par rapport à la semaine précédente, quand 41.500 personnes avaient été comptabilisées sur l'ensemble du territoire, dont 5.000 à Paris.

33 interpellations à Clermont-Ferrand. A Clermont-Ferrand, où les autorités locales craignaient des débordements, quelque 2.500 "gilets jaunes" ont défilé samedi après-midi, dans le cadre d'un rassemblement régional, selon les chiffres de la préfecture. Par peur des dégradations, la ville entière s'était barricadée : commerces, parcs et bâtiments publics étaient fermés dans l'après-midi, tandis que concerts et spectacles ont été annulés. Tout ce qui pouvait servir de projectiles avait été retiré (horodateurs, poubelles, bancs publics, etc.). 

Dans la matinée, des contrôles en amont et sur zone ont abouti à treize interpellations et sept personnes ont été placées en garde à vue, a indiqué dans un communiqué la préfecture. Des armes, dont certaines par destination (boules de pétanque, batte de baseball, pied de biche, pistolet d'alarme, poignée à impulsion électrique...), ont été saisies. Au total, la préfecture comptabilisait 33 interpellations, dont 16 gardes à vue. 

La situation s'est tendue en milieu d'après-midi au sein du cortège. Les forces de l'ordre ont notamment fait usage de gaz lacrymogène, aux abords du Palais du justice. Selon les informations de La Montagne, une personne a été blessée par un tir de LBD. La préfecture évoque, elle, une personne blessée au pied. Au total, neuf manifestants et un policiers ont été blessés, selon un dernier bilan. 

La plateforme d'Amazon bloquée à Toulouse. A Toulouse, dans la matinée, certains manifestants se sont rassemblés devant la plateforme toulousaine d'Amazon, qui a été fermée. Plusieurs milliers de personnes ont également manifesté dans la "ville rose", mais des CRS ont été la cible de "cocktails molotov", en fin de journée. En Charente, le site d'embouteillage du géant du Cognac, Hennessy, installé à Salle d'Angles, était bloqué par une soixantaine de personnes. 

Entre frites et pizzas, les "gilets jaunes" pique-niquent à Chambord.  Entre baraques à frites et camion à pizzas, plus d'un millier de "gilets jaunes" fêtent "l'acte 15" avec un pique-nique festif dans un ambiance bon enfant sur les pelouses du château de François 1er à Chambord (Loir-et-Cher). Une dizaine de stands, sur fond de sono, ont pris place sur la pelouse circulaire devant le château aux nombreuses tourelles dès le début de la matinée. Dans une ambiance familiale, certains improvisent des parties de foot devant des visiteurs anglais visiblement surpris.

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Très attendue, Priscillia Ludovsky, l'une des figures des "gilets jaunes" est arrivée peu avant midi, se prêtant au jeu des selfies avec quelques manifestants. "Je devais aller à Bruxelles, mais je suis plutôt venue à Chambord, ça a l'air sympa", a-t-elle déclaré à son arrivée. Au final, aucun incident n'est venu perturber ce rassemblement pacifique et à 17h, les pelouses du château avaient retrouvé leur quiétude et leur propreté après une vaste opération de nettoyage organisée par les "gilet jaunes". 

D'autres rassemblements en régions, quelques tensions à Rennes. 

Quelques heurts ont éclaté à Rennes, juste avant 15 heures, alors que près de 2.000 personnes ont défilé dans les rues de la ville, parmi lesquelles Maxime Nicolle, l'un des visages médiatiques du mouvement. Alors que les manifestants voulaient remonter la rue Maréchal Joffre, ils ont été repoussés par les forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogènes, rapporte Ouest France. 

La préfecture a fait état d'une "quinzaine d'interpellations, dans le cadre de contrôles et de fouilles préventives avant la manifestation". Des armes, des couteaux, des billes de plomb ont été saisis et les personnes interpellées placées en garde à vue, a-t-elle précisé. Un manifestant, blessé au mollet, a été pris en charge par des équipes de soignants "street medic" et par un véhicule des urgences.

A Strasbourg, un premier cortège d'environ 150 personnes s'est élancé en fin de matinée. Vers 15h30, un second rassemblement s'est formé devant le Parlement européen, constitué d'environ 400 personnes selon les Dernières Nouvelles d'Alsace, avant de converger vers le centre-ville. A Caen, près de 1.000 personnes ont battu le pavé. 

La mobilisation est restée forte à Bordeaux, l'une des places fortes du mouvement, où quelques milliers de personnes ont défilé dans le calme. Comme chaque semaine, quelques heurts ont éclaté en fin d'après-midi. Vers 17h30, manifestants et forces de l'ordre ont échangé projectiles divers, bouteilles, plots de plastique léger, contre jets de lacrymogènes et de canons à eau pendant une petite demi-heure sur la place de la mairie. Selon un journaliste de l'AFP, deux personnes blessées ont été soignées sur place et conduites par les pompiers et au moins deux personnes ont été interpellées. A Marseille comme à Montpellier, les manifestants étaient près d'un millier selon la préfecture, et quelque 200 à Nice.

Des actions sur les routes. Alors que la journée est classée orange par Bison Futé sur la route des départs en vacances, et même noire en Rhône-Alpes, les "gilets jaunes" prévoyaient de nouvelles actions aux péages, et notamment des opérations "barrières levées", comme en Haute-Savoie, ou en Isère.

Samedi matin, le leader grenoblois des "gilets jaunes" Julien Terrier, qui avait appelé à une opération péage gratuit au péage de Voreppe sur l'A48, et un autre membre actif du mouvement, ont été placés en garde à vue, a indiqué le parquet de Grenoble. L'enquête a été ouverte pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou dégradations" et "organisation d'une manifestation sur la voie publique sans déclaration préalable". Les deux hommes ont été remis en liberté vers 16h15 après avoir reçu un rappel à la loi. En milieu d'après-midi, la manifestation hebdomadaire des "gilets jaunes" rassemblait quelque 200 personnes dans la préfecture de l'Isère.

A Belfort, en fin d'après-midi, une cinquantaine de gilets jaunes bloquait l'A36 dans les deux sens.

Eric Drouet au Salon de l'Agriculture. Certains "gilets jaunes" ont choisi de se rendre samedi matin au Salon de l'Agriculture où Emmanuel Macron doit passer la journée. C'est le cas d'Eric Drouet, l'une des principales figures du mouvement, venu sans gilet pour tenter de dialoguer avec le président. 

"Le dialogue a été rompu il y a un certain temps" et "on voulait voir si on pouvait s'approcher du Président", a affirmé Eric Drouet. "On vient au salon pour l'inauguration, voir ce que notre président a à dire", a ajouté Eric Drouet, qui était accompagné d'un autre militant "gilet jaune"."On est venu que tous les deux, sans gilet, sans rien", a-t-il précisé, avant de s'éclipser des abords du Pavillon 1 puis de rejoindre le cortège parisien.