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avec AFP , modifié à
Après une nouvelle salve d'annonces gouvernementales, la colère des agriculteurs semble se calmer et les agriculteurs lèvent certains blocages ? Le leader des Jeunes Agriculteurs a notamment appelé à la levée des blocages et le patron de la FNSEA a salué des "avancées tangibles". Mais à Bruxelles, la tension s'est fait sentir entre agriculteurs et forces de l'ordre. Suivez l'évolution de la situation en direct.

La fin d'une crise ? Les nouvelles annonces gouvernementales, semblent avoir trouvé un écho chez les agriculteurs en colère, qui semblent mettre un terme à leur mobilisation. Sur plusieurs points de blocages, les manifestants préparent leur retour. Invité d'Europe 1, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a notamment estimé que les 400 millions d'euros que vont coûter ces mesures ne "sont pas un mauvais investissement quand c'est sur du moyen-long terme". Suivez l'évolution de la situation en direct.

Les informations à retenir : 

  • Gabriel Attal a annoncé de nouvelles mesures pour faire face aux revendications des agriculteurs
  • La Commission européenne a présenté ses premières concessions face à la colère des agriculteurs européens 
  • Sur l'A6, les agriculteurs lèvent le blocage et préparent leur voyage retour 
  • La Coordination rurale appel à renter, la confédération paysanne veut poursuivre le mouvement

Emmanuel Macron se rendra bien au Brésil à la fin du mois de mars

L’opposition de la France au traité (en l’état) de libre-échange UE-Mercosur ne remet pas en cause l’agenda d’Emmanuel Macron. Selon les informations d’Europe 1, la visite du chef de l’Etat au Brésil (un des quatre pays du Mercosur avec l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay) à la fin du mois de mars est toujours d’actualité. En décembre dernier, la présidence brésilienne a indiqué la date du 27 mars pour la venue du Président français.

Sur l'A43, blocus maintenu pour les revenus et contre les pesticides

Une dizaine de tracteurs et une quarantaine de manifestants "en colère" bloquaient toujours vendredi le péage de Saint-Quentin Fallavier (Isère) sur l'43, à l'appel de la Confédération paysanne, a constaté l'AFP sur place. "On n'a pas obtenu ce pourquoi on est en lutte: un revenu digne de ce nom", a expliqué à l'AFP Isabelle Douillon, une agricultrice du Rhône, en déplorant que "les normes agro-écologiques risquent de sauter parce que la FNSEA est arrivée à ses fins" sur l'usage des pesticides.

"Je n'ai pas compris que c'était fini les manifestations des agriculteurs parce qu'on avait réautorisé l'usage des pesticides (...) ce qu'attendent les agriculteurs ce sont des revenus et du respect pour leur travail", a renchéri la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, venue en marge du congrès des Verts européens qui s'ouvre à Lyon vendredi après midi.

Sur l'A6, les agriculteurs préparent leur voyage retour 

Après plus de deux semaines de mobilisation et l'annonce hier d'une nouvelle série de mesures du gouvernement, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont appelé à la levée des blocages. Sur l'A6, près de Chilly-Mazarin, dans l'Essonne, le départ des exploitants a débuté dans le milieu de la matinée. Un convoi de tracteurs a également été escorté par la police et la gendarmerie jusqu'à Fontainebleau.

Alors, en attendant le début du voyage retour, les exploitants encore présents sur le barrage se réveillent tranquillement. Plusieurs d'entre eux ont passé la nuit dans des remorques recouvertes par des bâches, emmitouflés dans leurs sacs de couchage. Certains se sont réveillés aux aurores et se préparent déjà au départ, vérifiant l'état de leur tracteur ou chargeant du matériel dans les fourgonnettes.

D'autres ont déjà allumé un feu pour se réchauffer en cette matinée brumeuse. Le dernier probablement avant de plier bagage plusieurs temps. Des barnums installés ces derniers jours ont été repliés. Les fermiers devraient rendre l'autoroute aux automobilistes à partir de 10 heures.

Parmi eux, Christophe, céréalier de Seine-et-Marne, qu'Europe 1 a rencontré. Il a dormi trois nuits dans la cabine de son tracteur et, malgré la fatigue, esquisse un sourire, signe de victoire. "Je suis installé depuis 25 ans et je n'ai pas le sentiment d'avoir déjà fait une semaine comme ça, de cette ampleur", se réjouit-il. Quant aux annonces de Gabriel Attal, "on a vu des avancées qui, j'espère, se traduiront par des actes. On n'aura pas les réponses dans les jours qui viennent, mais dans les mois qui suivent. Toute la base sera très vigilante aux engagements qui ont été pris aujourd'hui", assure-t-il.

À ses côtés, Emmanuel, drapeau de la FNSEA en main, réclame des mesures concrètes d'ici le Salon de l'Agriculture, dans trois semaines. "On va suivre les annonces qui nous ont été faites. Et si ce n'est pas à jour, au Salon de l'agriculture, tous les politiques, quels qu'ils soient, on n'en veut pas parce qu'ils n'auront pas tenu leurs promesses. C'est ça ou on crève. Alors on se bouge un peu quand même", souligne-t-il.

Une lente décrue

Jeudi, des signes de détente se sont multipliés avec notamment la fin du blocage du pont de Cheviré franchissant l'embouchure de la Loire ou encore le départ des agriculteurs des barrages qui coupaient l'A6 au niveau du péage de Villefranche-sur-Saône au nord de Lyon ou l'A81 entre Le Mans et la Bretagne.

En soirée, les préfectures ont fait état de levées de barrages un peu partout dans le pays, ou à tout le moins d'allègements, même si des blocages ponctuels ont persisté, selon Matignon.

Au niveau national jeudi à 19 heures, on a constaté une "décrue très lente" des barrages, a indiqué une source policière à l'AFP, même s'"il ne faut pas interpréter cette lenteur autrement que comme un côté un peu veillée d'armes et communion des agriculteurs qui se sont battus pendant une dizaine de jours pour obtenir des garanties".

Une accalmie avant de nouvelles manifestations ?

Autour de Lyon, "tous les points qu'on maîtrisait" seront levés vendredi à "14 heures", a affirmé à l'AFP Michel Joux, patron de la FRSEA, laissant donc des points sur l'A7 au sud et sur l'A43 à l'est où des agriculteurs présents à l'appel de la Confédération paysanne ont indiqué leur intention de rester.

En Occitanie, un temps épicentre du mouvement de la colère mais en perte de vitesse depuis la venue du Premier ministre Gabriel Attal il y a une semaine, le nouveau train d'annonces a conduit à la levée - immédiate ou prochaine - de plusieurs barrages, notamment dans l'Aveyron et le Gers.

"Ce fut une mobilisation historique, dure, forte... On s'est donné les moyens de retourner à la table des négociations. On se devait de faire cela pour l'avenir, pour nos jeunes", a estimé Laurent Saint-Affre, délégué de la FDSEA de l'Aveyron, prévenant toutefois que "le match n'est pas fini : il reste encore le point de tension, l'ombre au tableau, celle de Lactalis qui n'en fait qu'à sa tête sur le prix du lait. On pourrait donc ressortir les tracteurs dans quelques jours pour aller y faire un petit tour..."

Une enveloppe de 400 millions d'euros pour aider les agriculteurs

Jeudi midi, Gabriel Attal, pour sa troisième salve d'annonces en une semaine, a égrené des mesures qui selon lui répondent "à une grande partie des attentes" des agriculteurs. Ces mesures comprennent un renforcement des lois Egalim qui visent à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroce entre supermarchés d'une part, et distributeurs et fournisseurs de l'agro-industrie d'autre part.

Selon Bercy, les mesures d'urgence pour les agriculteurs représentent quelque 400 millions d'euros au total. Gabriel Attal a évoqué jeudi 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs bovins. Sur les phytosanitaires, le gouvernement a aussi lâché du lest, promettant notamment que le plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides serait mis "en pause", une mesure qualifiée de "recul majeur" par des ONG environnementales.

Ce vendredi matin, invité de Romain Desarbres lors de la Grande interview Europe 1 - Cnews, le ministre de l'Agriculture a estimé que ces 400 millions d'euros d'aide ne représentent "pas un mauvais investissement quand c'est sur du moyen-long terme"

Pour Marc Fesneau, "l'alimentation est devenue une arme de guerre, une arme géopolitique"

Interrogé au sujet de la souveraineté alimentaire, toujours au micro de Romain Desarbres, le ministre a ensuite affirmé que "l'alimentation est devenue une arme de guerre, une arme géopolitique", que "nous devons faire en sorte de reconquérir cette souveraineté que nous avions". Et d'affirmer que nous avons assisté à "une lente dégradation pendant 25 ou 30 ans". 

La Coordination rurale appel à renter, la confédération paysanne veut poursuivre le mouvement

"Pour nous, le mouvement a assez duré, les objectifs ont été atteints (...) tout le monde a connaissance des dossiers qu'on porte", a expliqué à l'AFP le secrétaire général de la Coordination rurale Christian Convers, en annonçant le départ de la région parisienne de ses membres venus du Lot-et-Garonne et dont certains ont été interpellés à Rungis mercredi.

"S'il y en a dans les départements qui veulent continuer, c'est leur affaire", a ajouté le responsable, estimant que vu les avancées obtenues, "quelques jours de mobilisation supplémentaires n'apporteront rien, si ce n'est de la gêne à la population".

De son côté, la Confédération paysanne a appelé à "poursuivre la mobilisation" car "la question fondamentale du revenu" n'est "toujours pas prise à bras-le-corps par le gouvernement" selon elle.

Bruxelles sous la colère des agriculteurs européens

Au-delà de la France, c'est toute l'agriculture européenne qui est touchée par un mouvement de colère. À l'issue d'une journée qui a vu quelque 1.200 tracteurs converger à Bruxelles, la Commission a promis jeudi des mesures pour défendre les "intérêts légitimes" des agriculteurs européens, "en garantissant des conditions de concurrence équitables" ou en réduisant le "fardeau administratif" de la décriée politique agricole commune (PAC).