Facebook 3:56
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Solène Delinger
L'année 2022 commence mal pour Facebook. Pour la première fois depuis sa création, en 2004, le réseau social a perdu des utilisateurs : le nombre de personnes se connectant quotidiennement à son service dans le monde a chuté de quatre millions entre septembre et décembre 2021. Et, les actions de Facebook, désormais Meta, ont plongé de 25 % à Wall Street jeudi. 
DÉCRYPTAGE

2022 sera-t-elle une année noire pour Facebook ? Pour la première fois depuis sa création, en 2004, le réseau social a perdu des utilisateurs : le nombre de personnes se connectant quotidiennement à son service dans le monde a chuté de quatre millions entre septembre et décembre 2021. Les actions de Facebook, désormais Meta, ont plongé de 25% en bourse. 

Fin de la croissance infinie

"Facebook est probablement à un palier et on peut faire le pari que c'est la fin de la croissance infinie de Facebook", avance Fabrice Epelboin, professeur à Sciences Po Paris, spécialiste des réseaux sociaux et de cybercriminalité, au micro d'Europe 1. "Il y a déjà plus de deux milliards d'utilisateurs. C'est déjà énorme. Sur le territoire américain qui, en général, est précurseur sur les autres, il n'y a plus de croissance", souligne-t-il. La seule solution pour Facebook est donc de faire "de la croissance externe, d'acheter d'autres entreprises pour pouvoir continuer à grossir". Mais cela n'a jusqu'à maintenant pas vraiment fonctionné. 

Facebook plus en mesure d'innover en interne

"La dernière grosse acquisition de Facebook, par exemple, c'était WhatsApp. Et cette acquisition a eu un blanc seing de la Commission européenne contre la promesse de ne jamais mélanger les données issues de WhatsApp avec les données issues de Facebook. Une promesse qui a été trahie. Donc, aujourd'hui, on peut imaginer que tous les régulateurs en matière de concurrence vont mettre un holà aux stratégies d'acquisitions externes de Facebook", explique Fabrice Epelboi. "Cela pose un problème critique à Facebook, qui ne peut pas voir les marchés en leur disant 'j'ai besoin d'argent pour acheter des concurrents et continuer à grossir'. Et comme toutes les énormes entreprises, Facebook n'est plus vraiment en mesure de générer de l'innovation en interne". 

Un "climat de suspicion"

Comment expliquer le fait que Facebook n'attire plus autant d'utilisateurs ? "Les gens commencent à se méfier. Ils ont d'excellentes raisons de se méfier", souligne Fabrice Epelboin. Il y a en effet eu le scandale Cambridge Analytica. "Il a révélé au grand public que Facebook était un outil politique colossal. Le réseau social a été utilisé dans des dizaines, si ce n'est des centaines de pays, pour influencer l'opinion publique et tricher le jeu démocratique. Et donc, aujourd'hui, la plupart des politiques dans le monde sont bien conscients que Facebook est un danger mortel pour eux et pour la démocratie en général. Du coup, ça relance un climat de suspicion".

Cette course à la surveillance de masse dans le secteur privé commence à avoir sa fin et "forcément, les revenus qui vont avec vont en s'amenuisant".