Document distribué par le Secrétaire d'Etat chargé de la Solidarité de la campagne de prévention pour lutter contre les mariages forcés et les mutilations sexuelles féminines.
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Guillaume Perrodeau
Sur Europe 1 lundi, Diaryatou évoque les mutilations subies à l'âge de huit ans, puis son mariage forcé alors qu'elle avait à peine 14 ans.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Diaryatou, 33 ans, a grandi au sein d'une grande famille, régie par les traditions, dans un village de Guinée. Elle a subi une excision à l'âge de huit ans, une ablation du clitoris. Chez Olivier Delacroix lundi, elle raconte son parcours.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

"La sexualité est un sujet tabou"

"Dans mon pays, l'excision est souvent la première étape pour les petites filles. Ma prise de conscience est arrivée plus tard, quand j'avais 20 ans et quand mon livre On m'a volé mon enfance est sorti. Les gens me disaient alors : 'C'est barbare ce que vous avez vécu'. À partir de là, j'ai commencé à cogiter, à faire des recherches et aussi à parler de ce qui m'est arrivé. C'est comme ça que j'ai eu une prise de conscience par rapport à l'excision.

J'étais dans village où régnaient les traditions et les coutumes. Les femmes du village étaient comme des hommes, ce sont elles qui faisaient tourner le village. Et malheureusement, elles ont hérité de certaines coutumes, comme l'excision, depuis des générations. Pour elles, exciser les petites filles est une façon de les aimer, de les conserver à la sexualité, qui est un sujet tabou. On excise les petites filles en se disant qu'elles vont être comme toutes les autres et fidèles à leur mari.

Mariage forcé

Après l'excision, on nous fait comprendre que la prochaine étape est le mariage forcé, précoce. Mais on ne nous prépare à rien. J'ai été mariée à un homme bien plus âgé : il avait 45 ans et moi j'allais avoir 14 ans. Jusqu'à l'âge de 18 ans, je ne savais ni lire, ni écrire, et j'étais avec un homme qui était violent. J'étais victime de violences conjugales, d'enfermements. Et j'arrivais dans un pays (les Pays-Bas, ndlr) où je ne connaissais pas la langue, je ne pouvais pas me socialiser.

Par la suite je l'ai quitté. Grâce à une émission de télévision, j'ai en effet pris conscience qu'en France, il y avait des associations pour m'aider. C'est comme ça que je suis partie. J'ai vécu dans la rue pendant plusieurs mois.

"Il faut qu'on remplace l'excision par l'éducation"

Quand je me suis engagée, il y a bientôt 13 ans, sur les questions d'excision, j'essayais de comprendre et de m'apaiser par rapport à ça. Car quand on prend conscience de ce que l'on a vécu, c'est très violent : j'ai revu l'excision, le couteau, les cris que je poussais ce jour-là. Aujourd’hui je suis très active par rapport à ces enjeux, j'ai compris toutes les conséquences qu'on ne connait pas : problèmes de règle, anémie, complications pendant les rapports intimes. Il faut qu'on remplace l'excision par l'éducation."