Deux-Sèvres : la mobilisation se poursuit contre les «bassines»

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avec AFP , modifié à

Après les manifestations de samedi, la mobilisation continue sur le chantier de bassines agricoles à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. Le site reste occupé par 2.000 personnes, qui se sont installés une vigie ainsi que des tours de guet. Certains y voient une ZAD en devenir.

La mobilisation s'est poursuivie dimanche contre le chantier d'une réserve d'eau destinée à l'irrigation agricole à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), avec l'édification de tours de guet et le saccage d'une canalisation, au lendemain d'une manifestation et de violents heurts avec les forces de l'ordre. "Il reste environ 2.000 personnes sur le site , je rappelle que la manifestation demeure interdite, donc que tout acte visant à tenter à nouveau d'entrer sur le site de la réserve sera à nouveau écarté", a déclaré dans la matinée sur franceinfo la préfète du département, Emmanuelle Dubée.

Une action de "désobéissance civile"

Il n'y a pas eu de nouvelle tentative d'intrusion au final mais, dans l'après-midi, une action de "désobéissance civile" selon les opposants au projet : des militants cagoulés, en bleu de travail et équipés d'une meuleuse, de pelles et de pioches, ont sectionné l'une des canalisations censées alimenter la future réserve, selon eux. "Nous venons de faire tomber un des six bras de la pieuvre", s'est félicité Julien Le Guet, porte-parole du collectif anti-"bassines", surnom donné à ces retenues par leurs détracteurs. Un hélicoptère de la gendarmerie a survolé la scène mais les forces de l'ordre ne sont pas intervenues.

Samedi, plusieurs milliers de personnes (4.000 selon les autorités, 7.000 selon les organisateurs) s'étaient réunies à Sainte-Soline, à l'est de Niort, pour protester. Des heurts violents ont éclaté avec les 1.500 gendarmes mobilisés quand des opposants au projet ont voulu pénétrer sur le chantier, interdit d'accès. Une partie d'entre eux y sont parvenus avant d'être repoussés.

Une soixantaine de gendarmes selon le ministère de l'Intérieur, dont un a été hospitalisé, et une cinquantaine de manifestants selon les organisateurs de la manifestation, dont cinq hospitalisés, ont été blessés dans ces violences attribuées par la préfecture du département à des militants radicaux.

La future réserve destinée à l'irrigation, d'une capacité d'environ 650.000 mètres cubes soit l'équivalent de 260 piscines olympiques, est dénoncée par ses détracteurs comme un "accaparement de l'eau" par l'agro-industrie, doublé d'une aberration écologique à l'heure du réchauffement climatique et des sécheresses à répétition.

Les opposants ont construit leur "base"

Les opposants au projet veulent inscrire leurs actions dans la durée, le terrain privé qu'ils occupent, prêté par un agriculteur, étant disponible jusque mi-mai. "Cela va être notre base pour les prochaines actions contre le chantier s'il venait à redémarrer. ZAD ou pas ZAD, ça va être dans ces termes-là", a assuré à l'AFP Julien Le Guet.

Des tours de guet ont été édifiées dimanche sur le site. "Aujourd'hui, on construit une vigie, une vigie pour ancrer la lutte sur ce terrain, pour être en capacité de voir venir l'ennemi", a renchéri David, paysan boulanger de 43 ans ayant requis l'anonymat, en participant à la construction d'une tour en bois.

Sainte-Soline est la deuxième d'un projet de 16 réserves de substitution élaboré il y a quatre ans par un groupement de 400 agriculteurs pour réduire leurs prélèvements d'eau durant l'été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver. L'accès à ce stockage est conditionné à l'adoption de pratiques plus respectueuses de l'environnement mais aucun des bénéficiaires de la première retenue ne s'est engagé, pour l'heure, à réduire son usage des pesticides.