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avec AFP , modifié à
Des tensions ont éclaté sur le chantier de la réserve d'eau de Sainte-Soline. Quelque 4.000 manifestants sont partis en trois cortèges pour contourner le dispositif de 1.500 gendarmes et accéder au site. Une partie d'entre eux ont réussi à forcer des grilles protégeant le projet.

Des manifestants "antibassines" ont réussi à forcer des grilles protégeant le chantier de la réserve d'eau de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, a constaté samedi un journaliste de l'AFP. Une partie d'entre eux a également réussi à parvenir à l'intérieur, selon cette même source. Quelque 4.000 manifestants étaient partis en trois cortèges pour contourner le dispositif de 1.500 gendarmes destiné à protéger ce chantier de réserve d'eau pour l'irrigation.

Des dizaines de gendarmes blessés

Gérald Darmanin a annoncé que "61 gendarmes avaient été blessés, dont 22 sérieusement", lors des heurts qui ont éclaté samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) entre les forces de l'ordre et les opposants à la construction d'une retenue d'eau ("megabassine") pour l'irrigation agricole. Dans un tweet, le ministre de l'Intérieur, qui est rentré de son département du Nord pour suivre de Paris, dans la soirée et les jours à venir, l'évolution de la situation, a fait valoir que ce bilan "démontr(ait) que ce n'était pas une manifestation pacifique mais un rassemblement très violent". "J'espère, a-t-il ajouté, que toutes les forces politiques républicaines condamneront ces violences".

Un premier bilan faisait compte de cinq gendarmes et deux manifestants blessés. "Nous constatons face aux forces de l'ordre de violents tirs de mortiers, des cocktails Molotov et des jets de projectiles divers", a précisé la préfète. "C'est bien une manifestation violente qui a pour but de commettre des infractions", a-t-elle ajouté. Un manifestant de 25 ans a eu le nez cassé par l'explosion d'une grenade de désencerclement, selon un autre journaliste de l'AFP. Au moins un autre manifestant avec une fracture ouverte à une jambe a été vu par un journaliste de l'AFP.

Un rassemblement interdit par la préfecture

Les forces de l'ordre ont brièvement interpellé Julien Le Guet, porte-parole de "Bassines Non Merci", collectif d'associations, syndicats et groupes anticapitalistes opposés à cet "accaparement de l'eau" destiné à l'"agro-industrie", a constaté un journaliste de l'AFP, qui l'a vu ensuite avec un bandage et un filet de sang le long du nez. Les trois cortèges se sont désormais rejoints autour du chantier, où de nouveaux heurts ont éclaté entre gendarmes et manifestants.

L'objectif des organisateurs de ce rassemblement interdit par la préfecture en raison des risques de violences est de "réussir à atteindre la bassine, à enlever toutes les grilles qui protègent le chantier, à reboucher le début du trou, empêcher la reprise des travaux", selon un tract diffusé sur place avant le départ des cortèges.

Plusieurs projets prévus

Les réserves de substitution sont des cratères à ciel ouvert, recouverts d'une bâche en plastique et remplis grâce au pompage de l'eau des nappes phréatiques superficielles l'hiver. Elles peuvent stocker jusqu'à 650.000 m3 (soit 260 piscines olympiques) d'eau pour irriguer l'été, quand les précipitations se font plus rares.

Celle de Sainte-Soline est la deuxième d'un projet de 16 élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l'eau, pour "baisser de 70% les prélèvements en été", dans cette région encore soumise à des restrictions d'irrigation après une sécheresse estivale hors norme. Les opposants dénoncent des "mégabassines" réservées à de grandes exploitations céréalières tournées vers l'exportation et défendent la mise en place d'autres mesures pour mieux partager et préserver l'eau - agroécologie, changement de cultures, retour des prairies…