Plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées à Paris. 1:36
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Nicolas Feldmann avec AFP, édité par Antoine Terrel , modifié à
A Paris, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans le calme contre la proposition de loi "sécurité globale". D'autres rassemblements avaient également lieu dans de nombreuses villes, parmi lesquelles Nantes, Lille, ou encore Strasbourg. Au total, 34.000 personnes étaient rassemblées sur le territoire, selon la police, 200.000 selon les organisateurs. La proposition de loi, déjà votée en première lecture à l'Assemblée nationale, doit être examinée en mars au Sénat.
REPORTAGE

Malgré la pluie neigeuse qui s'est abattue sur la capitale, des milliers d'opposants à la proposition de loi "sécurité globale", qui pénalise notamment la diffusion malveillante d'images de policiers, se sont à nouveau rassemblés samedi à Paris, ainsi que dans plusieurs villes du pays, pour manifester contre le texte. Les manifestations ont rassemblé 34.000 personnes en France selon la police, et 200.000 selon les organisateurs, ont indiqué à l'AFP le ministère de l'Intérieur et le syndicat SNJ-CGT.

À Paris, les manifestants se sont dirigés vers la place de la Bastille. Le rassemblement s'est déroulé dans le calme, sans incident majeur, avant que les forces de l'ordre évacuent la place vers 17 heures. La situation s'est seulement un peu tendue au début du parcours lorsque les forces de l'ordre sont intervenues pour empêcher "la tenue d'une rave-party à proximité de la manifestation", selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Selon la préfecture de police, des organisateurs ont été verbalisés et se sont vu confisquer du matériel sono. Au total, le ministère de l'Intérieur fait état de 24 interpellations à Paris sur l'ensemble du rassemblement. 

 

"On sent qu'il y a un tour de vis sécuritaire"

Dans la foule, François était venu protester à nouveau contre l'article 24 visant à limiter la diffusion d'images de policiers, et portait une pancarte avec écrit : "Masqués ou découverts, sans liberté, on ne passera pas l'hiver". "On est en train de vraiment restreindre les libertés des gens", dénonce-t-il au micro d'Europe 1. Et de poursuivre : "On voit bien que ces dernières années, filmer ce qu'a fait la police était un peu le seul moyen de se défendre contre les violences policières. Mais là, on sent qu'il y a un tour de vis sécuritaire, et plutôt que d'essayer d'arranger les choses, on préfère se cacher, se mettre un bandeau sur les yeux, pour pas qu'on ait le droit de rapporter ce qu'il se passe."

D'autres manifestations ont également eu lieu dans plusieurs villes de France, et des "teufeurs" de la mouvance des "free parties" avaient décidé de rejoindre le mouvement "pour le droit à la culture" et contre la "répression disproportionnée" lancée après la rave de Lieuron (Ille-et-Vilaine) qui a réuni 2.400 personnes au Nouvel an. Ils étaient nombreux notamment au départ de la manifestation de Nantes derrière des banderoles comme "nous sommes tous des organisateurs de raves" ou "L'Etat assassine : vies, cultures, libertés". La police a fait état de trois interpellations après des "jets d'artifice et de bouteilles en verre sur les policiers". A Strasbourg de nombreux "teufeurs" faisaient partie d'un cortège de plus de 500 personnes. A Lille aussi le défilé avait un air de technoparade, sous une neige tombant dru. Sept personnes ont été interpellées à Lyon, selon la préfecture. 

Le texte doit être examiné en mars au Sénat

Au total, près de 80 rassemblements "pour le droit à l'information, contre les violences policières, pour la liberté de manifester et contre la surveillance de masse" ont eu lieu dans le pays. Ces "marches des libertés" se déroulaient à l'appel de la coordination d'associations et syndicats mobilisés contre ce texte, qui restreint notamment la diffusion d'images des forces de l'ordre. Cette coordination regroupe des associations comme La Ligue des droits de l'Homme et Amnesty, ainsi que de nombreux syndicats et associations, de journalistes et réalisateurs notamment. 

La proposition de loi, déjà votée en première lecture à l'Assemblée nationale, doit être examinée en mars au Sénat.