"On pense qu'il faudrait 9.000 places mais il n'y en a qu'un peu plus de 7.000", a affirmé mardi Jacques Toubon. 3:17
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Sur Europe 1, mardi, Jacques Toubon, Défenseur des droits, a mis le doigt sur les différentes incertitudes qui planent autour du démantèlement de la jungle de Calais.
INTERVIEW

"Nous sommes le pays de la déclaration des droits de l'homme, il faudrait de temps en temps s'en souvenir." Alors que le démantèlement de la jungle de Calais est imminent, le Défenseur des droits, Jacques Toubon a tenu à rappeler l'importance de mettre en place des solutions pour permettre aux migrants d'accéder à des conditions dignes de leurs droits. "Le problème n'est pas celui de la date du démantèlement - après le 17 octobre, la date du 24 octobre est évoquée -le problème, c'est après", pointe-t-il mardi sur Europe 1.

Les mineurs jouissent de droits particuliers. "Quelles dispositions sont prises ? Le démantèlement est nécessaire sur le plan humanitaire, mais il doit être accompagné dans le même temps de dispositifs pour que les personnes qui partiront soient installées dans des conditions dignes de leurs droits, et d'abord les enfants, les mineurs qui jouissent de droits particuliers", a précisé mardi Jacques Toubon. "Peut être que les 1.200 mineurs présents dans la jungle de Calais ne seront pas chassés immédiatement mais seront provisoirement hébergés dans les bâtiments en dur. Mais pour le moment nous n'avons aucune assurance."

Il faudrait 9.000 places. L'incertitude réside aussi sur le nombre de mineurs qui pourraient être accueillis en Grande-Bretagne : "Depuis le début de l'année 2016, une petite centaine d'enfants ont été admis en Grande-Bretagne, il faudrait que ce soit plusieurs centaines", pointe le Défenseur des droits.  Mardi matin, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé au Royaume-Uni, dans une tribune parue dans le quotidien britannique  The Guardiand'assumer toutes ses responsabilités dans l'accueil des mineurs isolés. 

La deuxième incertitude porte sur les places d'accueil en centre d'hébergement. "On pense qu'il faudrait 9.000 places mais il n'y en a qu'un peu plus de 7.000. Ces personnes risquent de se retrouver un jour dans une situation encore pire que celle quelles connaissent aujourd’hui". Est-ce qu'aujourd'hui on est capable de faire coïncider la réalité des droits avec les droits qui sont proclamés ?", s'interroge Jacques Toubon.

"L'avenir de l'Europe c'est l'accueil et l'intégration". Selon le Défenseur des droits, accueillir des migrants en Europe fait partie de l'identité européenne. "Il y a 510 millions d'habitants en Europe. Nous sommes le continent le plus important en matière économique, en matière de commerce, de culture… Accueillir chaque année 1 million de personnes réfugiées, exilées, martyrisées dans toutes les conditions possibles, c'est accueillir moins de 0,5 % de la population de l'Europe. Est-ce que c'est insurmontable pour nous les Européens? Pour nous qui avons dans l'histoire peuplé l'Australie, l'Amérique et le reste du monde? Qui avons une histoire d'immigration interne et externe? L'avenir de l'Europe, c'est naturellement l'accueil et l'intégration."