Darmanin accusé de viol : "Il n'y avait pas de désir, pas de consentement"

© Martin BUREAU / AFP
  • Copié
Alain Acco, édité par A.H.
L'avocate de Sophie S., qui accuse Gérald Darmanin de viol, soutient que sa cliente a subi "une pression morale extrêmement forte" pour avoir une relation sexuelle avec le ministre.
TÉMOIGNAGE

Gérald Darmanin dans la tourmente. Le parquet de Paris a rouvert le 22 janvier dernier une enquête sur des accusations de viol visant le ministre de l'Action et des Comptes publics. Selon le journal Le Monde, Sophie S., 46 ans, ancienne call-girl, s'était adressée en 2009 à celui qui n'était alors qu'un jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, pour tenter de faire annuler une condamnation prononcée à son encontre en 2004 pour des faits de chantage et d'appels malveillants contre un de ses anciens compagnons. D'après le quotidien, Gérald Darmanin lui aurait fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie en échange de faveurs sexuelles.

"La douche froide". "D'après son récit, on est dans la situation d'une femme manifestement en détresse. Quand on croise cette femme et qu'elle parle de son dossier de 2004, on ne peut pas ne pas voir qu'elle est extrêmement mal. Elle va croiser un responsable politique qui, a priori, lui inspire suffisamment confiance sur le moment pour qu'elle finisse par accepter de le retrouver à un dîner. Et là, tout dérape. C'est plus que la douche froide", rapporte Me Elodie Tuaillon-Hibon, l'avocate de la plaignante, au micro d'Europe 1.

"Son innocence judiciaire dans la balance". Toute la complexité de cette affaire réside dans cette zone grise de consentement. "Pour nous, les faits dénoncés sont des faits de viol. Il n'y avait pas de désir, de sollicitation, de consentement de la part de ma cliente. Ma cliente a fini par céder, car on mettait dans la balance quelque chose qui, pour elle, était comme un bras ou une jambe, à savoir son innocence judiciaire", souligne l'avocate.

"Elle se retrouve prise en otage". Me Elodie Tuaillon-Hibon précise : "Il n'y a pas eu de contrainte physique, ce n'est pas du tout ça. Elle parle d'une espèce de stratagème où elle se retrouve prise en otage, avec une pression morale extrêmement forte, qui consiste à dire "Ton innocence, si tu la veux… voilà'", indique l'avocate. "Les termes exacts, d'après ma cliente, c'est 'mais vous aussi, vous savez bien qu'il va falloir m'aider'. Ça, il l'a répété plusieurs fois. En mettant, dit-elle, sa main sur la sienne, en la regardant droit dans les yeux, sans aucune ambiguïté possible selon elle", décrit-elle.