Dans une lettre écrite en prison, un gilet jaune revendique "un usage juste de la violence"

L'homme a été arrêté en marge de "l'acte 13" des "gilets jaunes" (photo d'illustration).
L'homme a été arrêté en marge de "l'acte 13" des "gilets jaunes" (photo d'illustration). © ALEX MARTIN / AFP
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Salomé Legrand et Margaux Lannuzel , modifié à
Thomas, incarcéré à Fleury-Mérogis depuis février pour sa participation aux dégradations qui ont émaillé "l'acte 13" du mouvement, reconnaît une partie des faits dans une lettre consultée par Europe 1. 

"Je m'appelle Thomas. Je fais partie de ces nombreux "gilets jaunes" qui dorment en ce moment en prison." Dans une lettre authentifiée par ses avocats et que nous avons pu consulter, un jeune homme de 25 ans, placé sous mandat de dépôt criminel et incarcéré depuis février, donne sa version des faits. Après "l'acte 13" du mouvement, Europe 1 comme d'autres médias avaient retracé le parcours de ce "casseur", notamment soupçonné d'avoir jeté des projectiles sur des policiers, mais aussi d'avoir dégradé une Porsche et une voiture de police. 

"Dans certaines situations, le conflit est nécessaire"

Dans cette lettre datée du 29 avril, le jeune homme reconnaît avoir "effectivement commis une partie des actes" qui lui sont reprochés. "Et je les assume. J'ai bien conscience qu'écrire cela risque de me faire rester un peu plus longtemps en prison", écrit-il. 

"Dans certains médias, on m'a traité de 'brute', pourtant je n'ai jamais été quelqu'un de violent. On pourrait même dire que je suis doux", poursuit l'auteur. "J'ai d'abord manifesté pacifiquement et au quotidien, je règle toujours les problèmes par la parole plutôt que par les poings. Mais je suis convaincu que, dans certaines situations, le conflit est nécessaire."

"Aucun manifestant ne cherche à 'tuer des flics'"

"Tout est question de justesse. Il y a un usage juste de la douceur, un usage juste de la parole et un usage juste de la violence", estime encore ce "gilet jaune", justifiant ces actes par l"opposition à "la violence 'légitime', la violence légale : celle de la police". "J'ai vu les charges, les grenades et les tabassages en règle. J'ai vu les contrôles, les fouilles, les nasses, les arrestations et la prison. j'ai vu les gens tomber en sang, j'ai vu les mutilés", assure-t-il. 

"Aucun manifestant ne cherche à 'tuer des flics'", tempère le jeune homme, qui évoque la nécessité de "faire reculer la police, la tenir en respect". Et de conclure à propos des "gilets jaunes" : "Ni la matraque, ni la prison ne semble arrêter ce mouvement. Je suis de tout cœur avec ceux qui continuent."