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Yanis Darras , modifié à
Le directeur du département "Opinion et stratégies d'entreprise" de l'Ifop et auteur de "La France d’après", Jérôme Fourquet, était l'invité de La Grande interview Europe 1-CNews. Au micro de Sonia Mabrouk, le politologue juge "qu'il y a une radicalisation des tensions suite à l'émotion" de la mort de Thomas.

C'est un drame qui cristallise les tensions. À Crépol, la mort du jeune Thomas, poignardé à mort lors de la fin d'un bal dans cette petite commune de la Drôme, a suscité l'émotion. Deux autres personnes ont également été transportées en urgence absolue à l'hôpital, après qu'une dizaine de jeunes a tenté de s'infiltrer dans l'événement privé. Ces derniers n'ont pas supporté d'avoir été refoulés du bal. 

"Ils venaient manifestement pour en découdre"

Alors que neuf suspects ont été arrêtés après le drame, près de 80 militants d'ultradroite ont défilé cagoulés samedi à Romans-sur-Isère, une petite ville située près du village de Crépol, avant de tenter de se rendre dans le quartier de la Monnaie, d'où seraient originaires une partie des suspects. 

Interrogé sur cette mobilisation, le politologue Jérôme Fourquet juge cette action "très préoccupante". "C'est très préoccupant, car certains étaient munis de battes de baseball ou de barres de fer. Ils venaient manifestement pour en découdre", explique l'auteur de La France d’après. 

Un fait divers qui prend "une dimension de fait de société"

Ces manifestations "nous disent plusieurs choses : d'abord, c'est la radicalisation des tensions suite à l'émotion suscitée par ce drame. Ensuite, à l'heure où les Français s'en remettent encore à l'État comme monopole de la violence physique légitime, une autre partie de la population considère, à tort ou à raison, que la main de l'État n'est pas assez ferme, ni pour les protéger, ni pour châtier, et qu'il faut donc se faire justice soi-même. Et donc, on voit bien qu'il y a un agenda idéologique, bien évidemment, pour ces militants d'ultradroite", souligne Jérôme Fourquet, qui ajoute néanmoins que "cette expédition punitive s'est soldée quand même par la défaite physique de ces militants de l'ultradroite, puisque quand la confrontation a eu lieu avec des habitants de ce quartier, elle a tourné à l'avantage des habitants de ce quartier."

Mais malgré cela, le drame de Crépol prend "une dimension de fait de société, parce qu'on est dans une réitération. Le fait divers devient fait de société quand il y a plusieurs fois consécutives ce type d'agression qui se produit. Si on fait la liste des attaques au couteau depuis le début de l'année, la liste est hélas très longue. (…) C'est aujourd'hui la litanie à laquelle la société française est confrontée. Et il ne s'agit non pas d'un tournant, mais d'une étape supplémentaire dans cette espèce de bruit de fond, de l'insécurité et des tensions", conclut-il.