Côtes d'Armor : des habitants se mobilisent pour défendre leur médecin, accusée de prescrire trop d'arrêts

Claire Bigorgne, ici devant son cabinet, s'est sentie "traitée comme une criminelle". 1:38
  • Copié
François Coulon, édité par Antoine Terrel , modifié à
A Kermaria-Sulard, le docteur Claire Bigorgne est accusée par la Caisse d'assurance maladie de prescrire trop d'arrêts maladie à ses patients. "On ne la laissera pas partir", préviennent les habitants. 
REPORTAGE

Depuis quelques jours, Kermaria-Sulard, petit village des Côtes-d'Armor, se mobilise pour défendre le seul médecin de la commune. Claire Bigorgne, convoquée par la Caisse d'assurance maladie et accusée d'avoir délivré trop d'arrêts maladie, est sortie complètement sonnée de cet entretien, sa première convocation en quinze ans d'exercice. 

Le docteur s’est fait sévèrement sermonner pour ses arrêts liés aux accidents du travail et pour les arrêts maladie de plus de 45 jours. "Vous en délivrez beaucoup plus que vos confrères", lui a-t-il été reproché. Elle a désormais trois mois pour rentrer dans les clous.

"J'ai été traitée comme une criminelle". "C'était un calvaire. Je suis sortie détruite, anéantie, en me demandant ce que j'avais  fait de mal", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. "J'ai été traitée comme une criminelle", poursuit-elle, confiant sa sensation d'être "passée au tribunal". Si elle nie avoir délivré tout arrêt maladie de complaisance, elle promet cependant : "je ne changerai pas de ma façon de travailler. Je n'ai pas envie d'être gouvernée par des chiffres". 

Le docteur Bigorgne, très déstabilisée, a fermé temporairement son cabinet. Va-t-elle stopper définitivement son activité ? C’est l’angoisse de la population de la commune, qui se mobilise massivement depuis plusieurs jours, comme Mireille Noussan. "Est-ce que c'est de sa faute si ses patients se blessent au travail ?", interroge cette dernière. Quelqu'un de blessé, "on ne va pas lui dire 'retourne travailler toi'".

IMG_21971280

 

"On sortira nos griffes". Alors que les habitants craignent son départ, Mireille Noussan, vantant "quelqu'un d'extraordinaire", prévient : "On ne la laissera pas partir". "La CPAM veut nous l'enlever ? Il en est hors de question, on sortira nos griffes. De quel droit la sanctionner ?"

En octobre, des dizaines de médecins des Côtes-d’Armor avaient manifesté pour dénoncer une vague de convocations pour "délits statistiques".