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Maxime Dewilder
Avec la propagation fulgurante du coronavirus, Emmanuel Macron a appelé les Français à rester chez eux. Mais qu'en est-il des prisons et autres centres de rétention administrative ? Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, était sur Europe 1 mercredi pour décrypter une situation jugée "explosive" dans ces endroits.
INTERVIEW

Le premier détenu français à avoir contracté le coronavirus est mort lundi soir, à 74 ans. Dans ce contexte, Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, a alerté mercredi sur Europe 1 sur la situation dans les prisons alors que la France est appelée à se confiner. Adeline Hazan a décidé d'interpeller la ministre de la Justice Nicole Belloubet. Sa demande est simple : qu'il y ait de moins en moins d'entrants dans les prisons d'une part et qu'il y ait des sorties avant la fin prévue de la peine d'autre part. "La situation est explosive à cause de la surpopulation, du confinement et du fait qu’il y ait régulièrement trois personnes dans une cellule de 9m2", précise-t-elle.

100.000 masques pour le personnel surveillant

La ministre de la Justice est aussi la cible d'une lettre ouverte de la part d'associations, d'avocats ou encore de syndicats de surveillants qui appelle à des mesures d'urgence. En réponse, Nicole Belloubet a mis en place la distribution de 100.000 masques pour le personnel surveillant.

"Moins il y aura de détenus, plus les surveillants seront protégés", juge quant à elle Adeline Hazan.

Un autre problème réside dans les centres de rétention administrative (CRA). À Bordeaux, le CRA a été vidé de ses sans-papiers par un juge des libertés. "J’ai saisi le ministre de l’Intérieur au sujet des centres de rétention administrative, c’est-à-dire les centres où sont les personnes en voie d’expulsion", indique la contrôleure générale des lieux de privation de liberté.

Selon elle, ces centres n'ont plus lieu d'être et il y a même une incohérence. "Retenir ces personnes signifient que l'on s'apprête à les expulser", explique-t-elle, "or les lignes aériennes sont quasiment toutes suspendues donc on ne peut plus les expulser et par extension les retenir". "Je rappelle que ces gens, en situation irrégulière certes, ne sont pas des délinquants", insiste Adeline Hazan.

Remise en liberté pure et simple

De plus, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté assure avoir reçu des témoignages de situations sanitaires alarmantes dans plusieurs CRA. Selon elle, dans certains endroits, il n'y aurait "ni masque ni serviette" et la restauration serait "collective".

"Etant donné la suspension de la majorité des lignes aériennes et la promiscuité des personnes dans ces centres, je demande instamment au ministre de l’Intérieur de fermer provisoirement ces centres, c’est-à-dire de les vider et de les fermer. Dans cette situation exceptionnelle, je demande que ces gens soient remis en liberté, purement et simplement", conclut-elle.