Laurence Tubiana, coprésidente du comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat était l'invité d'Europe 1 vendredi matin.
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Au micro d'Europe 1, Laurence Tubiana est revenue sur les modalités de la Convention citoyenne pour le climat qui débute vendredi. 
INTERVIEW

La Convention citoyenne pour le climat entame ses travaux ce vendredi. Cent cinquante citoyens tirés au sort vont se pencher sur la question du réchauffement climatique jusqu'à janvier. Invité d'Europe 1 ce vendredi matin, Laurence Tubiana, directrice générale de la Fondation européenne pour le climat et coprésidente du comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat, est revenue sur les modalités de cette consultation citoyenne, qu'elle a qualifié "d'innovation en France". 

"Il n'existe pas de consensus"

"Demander directement aux citoyens ce qu'ils recommandent et s'engager, du point de vue du gouvernement, à dire à ces citoyens si l'on va prendre ou non les recommandations de lois, de règlements ou de référendums qu'ils proposent, c'est une grande innovation", a assuré celle qui fut l'architecte de la COP 21. La France a pris exemple sur d'autres pays européens, comme l'Irlande, mais aussi sur le Texas : "C'est ça qu'a débloqué la question de l'énergie éolienne dans l'Etat pétrolier du Texas", a-t-elle affirmé.

Laurence Tubiana a également réagi aux propos d'Allain Bougrain-Dubourg, un peu plus tôt dans la matinée. Le président de la Ligue pour la protection des oiseaux s'est en effet montré sceptique au micro d'Europe 1, estimant que cette Convention citoyenne était une "démagogie démocratique surréaliste". "Certes, nous connaissons beaucoup de solutions, même si nous ne les connaissons pas toutes. Mais il n'existe pas de consensus sur ces solutions. Nous pouvons prendre l'exemple de la taxe carbone, de la rénovation ou des modèles de consommation alimentaire. Si cela était si simple, je pense que les différents gouvernements auraient agi à la hauteur de ce qu'ils devraient faire." D'après Laurence Tubiana, c'est d'ailleurs là que réside tout l'enjeu de cette Convention : "L'enjeu, c'est que des citoyens en situation de responsabilité, informés, et qui vont avoir le temps de débattre entre eux, avec des opinions différentes, puissent arriver à un compromis viable qui permettra de donner à l'exécutif le courage d'aller plus loin." 

"La société est en avance sur le politique"

Et si les citoyens décidaient de ne pas faire les efforts nécessaires ? Laurence Tubiana se veut optimiste : "Je fais le pari que la société est en avance sur le politique. Moi, je suis une environnementaliste convaincue. Mais cela ne sert à rien de discuter avec des gens qui sont d'accord avec vous, il faut parler avec toute la société. Nous ne pouvons pas faire tous ces efforts contre la société."

La coprésidente du comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat estime que la démocratie doit être au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique. "C’est une chance démocratique d’opérer des changements et d’essayer de construire ces changements ensemble. Il faut dire que les citoyens donnent le courage aux gouvernants d’aller plus loin, que ce soit en marchant dans la rue, en faisant des procès aux uns ou aux autres, ou en allant discuter et en raisonnant ensemble. Moi je pense qu’il faut utiliser tous les canaux".