Contaminations sur le Charles de Gaulle : le commandement a fait preuve d'"excès de confiance"

Les deux tiers de l'équipage avaient été contaminés.
Les deux tiers de l'équipage avaient été contaminés. © Fred TANNEAU / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Florence Parly a livré lundi les conclusions de deux enquêtes sur la contamination de deux-tiers de l'équipage du porte-avions Charles de Gaulle par le coronavirus. Selon la ministre des Armées, le Covid-19 a été introduit pour la première fois à bord en Méditerranée.

Le commandement du porte-avions Charles de Gaulle et son équipe médicale ont eu une "confiance excessive" dans la capacité du bâtiment et de son escorte "à faire face au coronavirus", mais n'ont pas commis de "faute", a souligné lundi la ministre des Armées Florence Parly.

"Il y a eu des erreurs", mais "pas de faute", a-t-elle déclaré devant la commission Défense de l'Assemblée nationale en livrant les conclusions de deux enquêtes (l'une épidémiologique, l'autre de commandement) sur la contamination massive à bord du Charles de Gaulle.

1.046 marins testés positifs

Près des deux-tiers de l'équipage du porte-avions, soit 1.046 marins sur 1.760, ont été testés positifs à leur retour en France mi-avril, au terme d'une mission écourtée par l'épidémie à bord. "Tous sont désormais guéris et ont rejoint leur famille, à l'exception d'un marin toujours hopistalisé après être sorti de réanimation", a-t-elle affirmé.

Revenant sur la chronologie de contamination, la ministre a précisé que le Covid-19 avait été introduit pour la première fois à bord du porte-avions en Méditerranée, avant une escale à Brest mi-mars, où il a été réintroduit à bord. Après une escale du porte-avions français du 21 au 26 février au port de Limassol, à Chypre, des "mouvements aériens ont amené jusqu'à lui du personnel en renfort, en relève ou revenant à bord", "depuis Chypre, la Sicile, les Baléares, l'Espagne continentale et le Portugal".

"C'est à l'occasion d'un de ces mouvements" en Méditerranée, "après Chypre et avant l'escale de Brest (du 13 au 16 mars), que l'enquête situe les premières introductions du virus à bord", a-telle souligné. "L'escale à Brest n'est donc pas la cause de la première introduction du virus à bord", a commenté Florence Parly. 

Un concert autorisé à bord le 30 mars

Toutefois, la "réintroduction" du virus à Brest a été un "facteur d'accélération de sa propagation", selon l'enquête, même si "des mesures de distanciation ont été prises à la suite de l'escale à Brest", et "ont considérablement ralenti la propagation du virus au sein de l'équipage", a souligné la ministre. "Le revers, c'est qu'elles ont beaucoup pesé et sur les liens de commandement et le moral de l'équipage", a-t-elle fait valoir.

Ainsi, a-t-elle détaillé, "au terme de la quatorzaine imposée à bord et en l'absence de cas identifié, le 30 mars, le commandement a pris la décision d'assouplir les mesures de distanciation très strictes", notamment en rétablissant les briefings et en autorisant un concert à bord le 30 mars. 

"Cette décision a été provoquée d'une part en raison de la baisse de moral de l'équipage et d'autre part, sans doute, par un excès de confiance du commandement ainsi que de son service médical dans la maîtrise de la situation", a commenté Mme Parly.

Toutefois, d'après l'enquête, "le commandement a toujours eu le souci de la santé de son équipage" et "a constamment veillé à prévenir ce risque sur la base des infos dont il disposait", a insisté Florence Parly, en affirmant que les conclusions des investigations soulignaient certes que "des erreurs" avaient été commises mais "pas de faute".