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Alexis Patri , modifié à
L'autrice et ancienne journaliste Colombe Schneck présente mardi dans l'émission "Ça fait du bien" son nouveau livre, "Deux petites bourgeoises". Elle explique au micro d'Anne Roumanoff et sa bande comment elle s'est rendue compte au fil des années que le sexisme, auquel elle pensait avoir échappé, avait freiné son évolution.
INTERVIEW

L'écrivaine Colombe Schneck publie le roman Deux petites bourgeoises, une histoire d'amitié inspirée de son enfance. Invitée mardi de l'émission d'Anne Roumanoff Ça fait du bien, l'ancienne journaliste raconte comment elle a longtemps cru que ses origines bourgeoises la préviendraient du sexisme, et comment le monde du travail lui a fait réalisé que ce n'était pas le cas. "Les petites filles que nous étions ont été élevées à l'égal des garçons de notre âge", se souvient-elle. "Il était très important que l'on fasse des bonnes études. Il fallait nous nourrir intellectuellement. On faisait de la danse, du chinois, du poney, du tennis, tout ce qui était possible. Il fallait apprendre tout le temps. Il n'y avait pas un moment libre."

Une prise de conscience progressive

Cette éducation égalitaire laisse penser Colombe Schneck que le sexisme est une affaire dépassée. "J'avais l'impression que j'étais l'égal des garçons de mon âge, que j'allais faire les mêmes études, que j'allais faire carrière et que j'allais gagner de l'argent et être libre", explique l'autrice. "Et puis je me retrouve épouse. Je baisse la tête et je me rends compte qu'en tant que femme on m'impose un certain nombre de règles."

C'est dans sa vie professionnelle que celle qui est alors journaliste réalise la différence de traitement. "Dans ma vie professionnelle, alors que j'ai fait de bonnes études, je vois que les hommes de mon âge gagnent beaucoup mieux leurs vies", observe-t-elle. "On les encourageait à diriger, à penser."

"Il n'était pas question que je dirige une équipe ou que je donne mon opinion"

"Je ne te paye pas pour penser", lui assène un chef de l'époque. "Je travaillais dans une émission télé où les filles faisaient des enquêtes, ramenaient des faits. Et les garçons pensaient et éditorialisaient", s'agace-t-elle. "J'ai présenté une autre émission avec un journaliste qui gagnait trois fois mon salaire."

Arrivée à la quarantaine, Colombe Schneck réalise que sa carrière professionnelle est conditionnée par son genre. "J'ai travaillé dans une rédaction où, à 40 ans, les garçons de mon âge étaient rédacteur en chef ou éditorialiste et moi, j'étais présentatrice. Il n'était pas question que je dirige une équipe ou que je donne mon opinion", distingue-t-elle.

"Je fais des triples journées"

Et cette différence de traitement se poursuivait après sa journée de travail. "A la maison, je faisais le ménage, je m'occupais de la maison, je faisais attention à ce que le frigo soit plein", énumère-t-elle. "Je faisais tout ce que fait une femme en plus de mon travail, j'avais des triples journées."

La réalité vient donc contredire les promesses de son éducation. "Je pensais que, parce que j'étais une bourgeoise, j'allais échapper à mon genre, au fait d'être d'une femme", se remémore-t-elle. "Et non, ça ne changeait rien. J'étais essorée par mon genre."

C'est en changeant de vie, et notamment en devenant écrivaine, que Colombe Schnek arrive à briser le plafond de verre. "Je ne suis plus essorée aujourd'hui, je suis même assez libre", se réjouit-elle aujourd'hui.