COP26 8:13
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Manon Fossat , modifié à
En pleine COP26 à Glasgow, Sébastien Treyer, directeur général de l'DDRI était l'invité d'Europe Matin mardi. Il a estimé que les pays sont en train d'avancer sur la question du réchauffement climatique et que depuis 2015, tous les Etats sont conscients qu'ils doivent faire des efforts. Un constat de bonne augure pour la transition écologique.
INTERVIEW

La COP26 s'est ouverte dimanche et va durer jusqu'au 12 novembre. Il y a six ans, avec l'accord de Paris, presque 200 pays s'engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en faisant moins appel notamment aux énergies fossiles. Cette nouvelle COP doit transformer ses promesses d'ici 2030 pour atteindre ensuite la neutralité carbone autour de 2050. Invité de Dimitri Pavlenko dans Europe Matin mardi, Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) a estimé que les pays sont en train d'avancer dans le même sens sur la question du réchauffement climatique.

"Tous les pays sont conscients qu'ils doivent faire des efforts"

"La question est pourquoi il nous a fallu autant d'années depuis la signature de la Convention-cadre des Nations-Unies en 1992 pour essayer d'être au plus près des engagements. Mais nous avons passé des phases successives extrêmement importantes. Jusqu'à la COP21 en 2015, la plupart des pays du Sud estimaient que ce n'était pas à eux de faire des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, y compris la Chine et l'Inde", a-t-il expliqué.

Mais selon lui, à partir de ce moment-là, une toute nouvelle dynamique a été engagée. "Maintenant tous les pays sont conscients qu'ils doivent faire des efforts. Non seulement pour les beaux yeux de la planète mais aussi pour eux-mêmes parce que les conséquences du réchauffement climatique seront très dommageables", a-t-il poursuivi. "Et puis la compétition économique vers la neutralité carbone est la modernité économique de demain. Donc quand la Chine, l'Inde, l'UE et les Etats-Unis de Biden mettent en avant l'économie verte, c'est parce qu'ils savent que c'est le monde de demain."

Le bon exemple de l'Inde 

L'enjeu de cette COP26 est justement d'avoir poussé certains pays comme l'Inde à sortir du bois. "Je pense au Premier ministre indien qui s'est engagé lundi à atteindre une neutralité carbone en 2070, ce qui paraît extrêmement lointain. Mais avec un plan en cinq points concrets qui s'appuie sur les énergies renouvelables et vise une sortie du charbon plus rapide que ce que l'on aurait pu espérer. Et le fait que l'Inde, pays qui a encore énormément de pauvreté et le plus petit PIB par habitant du G20 fasse une déclaration comme celle-là, c'est exactement à ça que doit servir une COP comme celle que l'on a aujourd'hui", a salué Sébastien Treyer. 

Pour le directeur général de l'IDDRI, il y a en effet eu une réelle prise de conscience des chefs d'Etats. "Les mots employés lundi montrent qu'il faut absolument changer et que changer ne sera pas sans complications.  La plupart des grands leaders de la planète l'ont bien dit", a-t-il encore noté. "Mais il est extrêmement important que cette transition se fasse de telle manière que le mode de vie des populations les plus pauvres ne soit pas complètement détruit."

"Préciser l'intégrité des plans de neutralité carbone"

Sébastien Treyer est également revenu sur les conflits internationaux et leurs potentielles conséquences sur les négociations en cours autour de l'enjeu commun qu'est le réchauffement climatique. "Je pense que la question climatique est justement le point sur lequel les pays continuent à négocier et vont essayer de trouver des accords ensemble. C'est précisément un enjeu qui dans ce monde géopolitique crée des objectifs communs", a-t-il estimé.

Il a par ailleurs noté "des mouvements très différents" selon les pays concernant la neutralité carbone. "D'un côté, on a des travaux très clairs et des plans très précis mis sur la table et de l'autre côté, en Australie, en Arabie Saoudite ou au Brésil, on a des plans appuyés sur rien du tout et qui ne sont pas du tout crédibles par rapport à ce que la science demande. Et c'est là où il va falloir être extrêmement vigilant. Il faut que cette COP précise quelle est l'intégrité des plans de neutralité carbone."