"Clause Molière" : le préfet d'Île-de-France exhorte Pécresse à éviter tout risque "d'illégalité manifeste"

La "clause Molière" impose l'usage du français sur les chantiers.
La "clause Molière" impose l'usage du français sur les chantiers. © LOIC VENANCE / AFP
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avec AFP
La préfecture d'Île-de-France a invité la présidente de la région, Valérie Pécresse, à éviter les risques d'"illégalité" en imposant l'usage du français sur les chantiers franciliens.

Le préfet de la région Île-de-France, saisi par les groupes de gauche du Conseil régional sur la "clause Molière" imposant l'usage du français dans les marchés publics franciliens, a exhorté la présidente de région Valérie Pécresse (LR) à éviter tout risque d'"illégalité manifeste", dans un courrier. Michel Delpuech explique que "serait illégale toute clause qui constituerait une violation du principe de non-discrimination ou une atteinte au principe d'égal accès à la commande publique", mais souligne que, la délibération du Conseil régional se limitant pour l'instant "à des engagements de principe", le juge administratif "pourrait considérer qu'elle n'est pas de nature à donner lieu à contentieux".

"Pas d'effet juridique". Le préfet avait été saisi par les groupes EELV, Radicaux de gauche, Front de Gauche et PS, sur la légalité de la "clause Molière" adoptée le 9 mars dernier en séance plénière. Mais cette disposition, qui s'inscrivait dans une délibération plus large portant sur la création d'un Small Business Act francilien pour favoriser l'accès des TPE-PME à la commande publique, "n'est pas un acte juridique", donc il ne peut pas y avoir de contrôle de légalité, a précisé la préfecture de région. "Ce ne sont pour l'instant que des recommandations. Il n'y a pas d'effet juridique immédiat, on ne pourra faire un contrôle de légalité qu'au cas par cas, contrat par contrat", a-t-on insisté de même source.

Les obligations des employeurs déjà précisées. Dans son courrier, le préfet de région rappelle que le Code du travail précise déjà "les obligations des employeurs en ce qui concerne les instructions de sécurité et les modalités de transmissions desdites instructions aux salariés ne maîtrisant pas le français", et "définit le champ de l'application faites aux salariés ayant la vocation de s'installer durablement en France de maîtriser l'usage de notre langue". Il souligne que les textes législatifs ne sauraient être "modifiés par l'organe délibérant d'une collectivité locale". "Si le Conseil régional méconnaissait ces dispositions et ces principes, je constaterais une illégalité manifeste qui me conduirait à mettre en oeuvre les voies de droit appropriées", ajoute Michel Delpuech.